Hello,
A savoir que je mets la barre très haut et me mets une pression énorme, je m'aperçois, parce que pour moi la littérature ,ce sont les grands écrivains...ces jours ci ,je ne sais pas pourquoi je pense à Giono , mais aussi Simenon peut-être parce que justement ce sont des histoires de vie , mais avec un style ou des intrigues super bien ficelées...Alors forcement, quand je commence une histoire, que je me relie etc...très vite je me trouve nulle, j'ai l'impression d'être tellement loin de ça ...
Ben peut-être là aussi un truc de reconnaissance planqué ?
Le truc c'est que tu peux pas écrire quelque chose de bien en essayant d'écrire "comme quelqu'un d'autre" ou "à la hauteur de tel ou tel". Tu peux écrire pleinement et créer quelque chose de bien seulement si tu es toi.
Et de là tu verras si tu es capable de pondre un roman qui tienne la route (je dis ça en écho du tirage qui à mon sens parlait de savoir si tu en es capable en le faisant, et pas forcément en l'anticipant).
C'est quelque chose qu'il faut que je laisse cheminer ça , je n'avais jamais pensé la créativité comme cela. Moi je voyais plutôt ça comme un labeur, l'écrivain qui transpire sur ses pages , comme Colette dans ses premiers livres que son mari ne laissait sortir que quand elle avait fait ses pages , et pourtant le résultat est magnifique...J'ai associé écrire un livre et souffrance par le fait de ne pas y arriver , alors qu'à côté de ça j'écris sans même y penser, comme je respire...
je pense, hors Tarot, que c'est les deux.
Et là encore appuyé sur les discussions avec mon amie écrivain.
Elle te dira jamais que ça coule comme ça et qu'il n'y a pas à travailler. Elle y passe des heures, à élaborer des phrases, à relire et corriger.
Ce n'est pas soit l'un soit l'autre, c'est les deux.
Mais le truc c'est peut-être de pas prendre l'un pour l'autre et l'autre pour l'un.
Si y'a tant de romans super nuls, c'est parce qu'à lextrême inverse, beaucoup de gens se disent qu'il suffit d'être inspirés pour écrire, et du coup ne s'occupent pas vraiment de soigner l'écriture, la forme, la structure etc.
C'est assez nombriliste d'ailleurs, comme si leurs idées étaient tellement bonnes en soi qu'il y avait même pas besoin de se fatiguer à les mettre en forme vraiment pour que ça soit lisible, fluide, construit etc pour un public.
Bref.
Je pense vraiment que c'est les deux.
Et aussi que ça dépend des gens, de leur personnalité.
Par contre il me semble en effet que comme toute activité dans laquelle on peut par moments rencontrer des difficultés, il faut un minimum de discipline. Mais c'est pas obligé d'être une discipline de fer à la baguette non plus. Enfin bref, comme tout, ça demande de bien se connaître je crois, et il me semble que c'est aussi pourquoi le tarot te parle d'agir, parce qu'en écrivant, tu vas apprendre de toi et de comment tu fonctionnes vis à vis de l'écriture, quels sont tes besoins spécifiques.
Il n'y a que toi au bout du compte qui peut savoir ça finalement, et ça passe par l'expérience, donc accepter peut-être de rencontrer ces difficultés et ces doutes, ça fait partie du truc je pense.
y'a une notion de confrontation dans ton tirage avec force envers / diable.
Te confronter au problème, tout simplement je crois.
Et apprendre, réfléchir, ressentir, avancer.
Disons que là il y a problème dans la perspective d'être publiée...Oui ,je sais ça vient après et n'a rien à voir avec l'écriture mais je ne peux pas en faire totalement abstraction...à partir du moment où on parle d'écrire un livre, je ne crois pas que quelqu'un pense le faire sans se dire qu'un jour peut-être d'autres liront ce qu'il a écrit... et c'est dans ce sens que je disais que si je n'assume pas ce qui sort de moi, pareil si je le trouve nul , je me vois mal le montrer...
Je crois qu'il y a une différence entre assumer et admirer.
Et même entre assumer et "aimer" dans le sens tu peux très bien être un peu dérangée par ce que tu écris, et l'assumer quand même.
Mais ça suppose 'intégrer les parts de soi dérangeantes, d'une autre manière que par l'approbation et le jugement mental ou même moral.
Je crois que ça rejoint l'évolution de ma vie, ça suit le même parrallèle finalement...A savoir cette espèce d'aspiration à être confite en sainteté, lol, de ce qui se fait et ne se fait pas où j'ai été élevé, de ce qui se dit et ne se dit pas puisque mon cercle familial fonctionnait comme ça, ne rien dire à l'extérieur était le credo de ma mère...du coup le diable = mal et non pas part de l'humain, et je ne regardais que l'Ange, alors que je suis quelqu'un de très passionnée et ça bouillait en moi...
Il m'a fallu d'abord prendre conscience de ça , je suis en train de l'apprivoiser, d'accepter de le vivre aussi ce diable sans culpabiliser...Alors sur le même mouvement, je me rends compte qu'il va falloir que j'accepte de le laisser s'exprimer sous ma plume s'il en a envie...Or quand j'écris juste comme ça, mes réflexions, c'est en me tirant vers le haut, je ne sais pas comment l'exprimer autrement , c'est ce que je ressens...Et dans un roman, oui , il peut y avoir du glauque , du noir comme tu le dis , et oh horreur ,si j'y prenais du plaisir...
Alors oui, il va falloir que j'assume ça aussi, je l'ai conscientisé , c'est déjà ça...et puis, si ça me surprend trop et que je ponds un roman érotique par exemple , je pourrai toujours le publier sous un pseudo...
Ben là je vais parler tout à fait hors tarot encore, mais d'expérience perso, de mes lectures ou autres, et discussions avec des proches, ce qui peut aussi parfois tirailler sur les aspects dits sombres ou hors normes, c'est qu'une certaine vision du monde renvoie le fait que cela n'a pas sa place, ou alors que ça a sa place mais de manière totalement exagérée et finalement ostentatoire, ce qui est pas plus équilibré dans un cas que dans l'autre je crois.
J'ai été une grosse lectrice de polars, amatrice de films d'horreur fut un temps, je m'en suis bouffé des kilos de trucs plus ou moins sombres, dérangeants, noirs, etc.
Ca avait une fonction de catharsis, d'exorcisme presque, et je sais que cela a cet effet pour pas mal des fans de ces genres-là.
Dans l'art, y'a des trucs vraiment bien glauques et parfois de manière assez inutile (parce qu'ostentatoire justement ou narcissique ou autre), mais il y a aussi des trucs sombres ou dérangeants qui nous renvoient à nous-même, nous font réfléchir, nous permettent d'exorciser des pulsions, des choses enfouies, et c'est bien la fonction de l'art, déclencher et toucher l'émotion, le ressenti, faire vibrer, révéler à soi-même, etc...
J'ai jamais vu des gens aussi zen que des gros métalleux après un concert de leur groupe préféré
Ben ouais, toutes leurs pulsions violentes étaient exprimées là par le groupe sur scène, et y'a pas d'entrave à juste savourer ça le temps du concert.
Y'a aussi des choses sombres qui ont fonction de dire, de montrer, de pas dorer la pilule, et ça fait du bien, parce que le monde est pas pourri mais pas non plus tout rose, et que tout cela cohabite, en nous comme autour de nous.
Quelqu'un qui fait un film dérangeant sur une réalité, ben ok c'est dérangeant, mais c'est la réalité. Alors m...de on l'enjolive ? on la décore ? ou bien juste on regarde les choses comme elles sont et ça nous fait avancer et bouger intérieurement ?
Sans forcément rentrer dans les trucs "à message" genre "moi j'vais faire faire des prises de conscience aux gens" (quoi que desfois ça s'en mêle aussi et c'est pas toujours un mal), écrire, montrer, filmer, dessiner, certains aspects de l'être humain a vraiment un sens, même si c'est pas joli joli à regarder à première vue.
je me souviens personnellement d'avoir été guérie véritablement de certaines choses grâce à certains films ou livres, pourtant assez durs.
Viva la muerte de Arrabal m'a collé une grande claque dans la figure, dans cette scène où tu vois le curé bénir les mitraillettes qui vont servir à tuer des innocents notamment, mais plein d'autres scènes aussi de ce film.
Dans la manière que le petit garçon a de voir ce monde catholique et bien pensant en apparence, mais plein de violence, que lui il ne filtre pas dans ses images mentales, qu'il voit telle quelle et que le cinéaste donne à voir au spectateur.
Si tu connais le polar tu sais que le roman noir américain est né de cette phrase de Dashiell Hamett qui a dit qu'il allait prendre le roman policier pour le sortir du vase vénitien (référence à agatha christie et autres écrivains anglais où l'on parlait de meurtres dans salon bourgeois) et le jeter dans le caniveau.
Et tout le roman noir américain s'est créé sur ce truc de pas psychologiser sans arrêt, de juste montrer des faits, des actes, des gangsters en train de fair eun casse, des détectives un peu déglingués en train de faire une enquête dans des milieux pourris, etc etc.
Ca a coincidé avec l'apparition de la langue américaine elle-même, à partir de l'anglais de la mère angleterre.
Dans la littérature de cette époque-là, il y a eu un lien avec l'identité même du pays.
Bref tout ça pour dire que tous ces aspects de nous ont leur place et leur sens.
Que si la littérature est si riche et nourrissante pour l'esprit, c'est qu'elle touche à tout justement, et qu'elle n'est certainement pas que des romans bien policés et gentils qui dérangent en rien la morale (morale qui est en plus pour certaines choses très liée à un espace temps précis, une époque, un contexte).
Et puis peut-être tu peux te dire que si tu écris ce qui est authentique pour toi, ben tu plairas pas à tout le monde (ça n'existe pas ça, à part Elvis, et encore
), mais tu peux rencontrer le type de public à qui tes écrits parleront donc trouver ta place simplement, en étant toi-même dans ta créativité.
Bisous ma belle
Omi
"Avoir le coeur aussi grand qu'une église, dans laquelle l'agitation et les pleurs d'un enfant résonnent sans en troubler la paix"