par maïna » Sun Jan 02, 2011 4:10 pm
salut papillon,
on dirait qu'il y a un sentiment d'urgence, à vouloir "réparer" les choses tout de suite, comme si cela pouvait avoir des conséquences catastrophiques (d'où peut-être le sentiment de culpabilité).
comme si tu portais consciemment ou non l'image que c'est toi qui es reponsable de tout problème, de toute disharmonie.
la justice à l'envers peut vouloir dire que tu prends tout sur toi, que tu ne rends pas, objectivement, leur part de responsabilité aux autres.
ça finit par se renverser dans l'autre sens, par un mouvement naturel de "déchargement" inverse sur l'autre de "toute la responsabilité".
mais ni l'un ni l'autre n'est équitable et juste.
c'est pas tout blanc ou tout noir, pas tout toi, ou tout l'autre.
toute situation de relation est à responsabilité partagée.
papesse et justice à l'envers, ça pourrait évoquer une mère assez dure, ou jugeante, qui ne laisse pas beaucoup de place à l"erreur. (ou ce qu'elle considère comme telle).
cette papesse à l'envers, on pourrait même penser parfois que rien ne trouve grâce à ses yeux.
ta mère était comme ça ?
assez "négative" dans l'ensemble et ayant tendance à juger sans arrêt ?
le truc qu'il faut comprendre, c'est que toute réaction de l'autre, tout jugement de sa part, quel qu'il soit, n'est que le reflet de sa propre vision du monde.
que la personne te dise "tu es merveilleuse" ou "tu es une conne", aucun des deux n'est "vrai", dans le sens où tous les deux sont SA perception, SA vision de toi, filtrée par sa propre description du monde et des autres.
un peu comme avec cette histoire de cadeau, ton amie te renvoie que tu n'aurais pas "dû" faire ci et ça, parce que ça veut dire ci et ça.
mais c'est son interprétation, pour elle ne pas garder ses cadeaux ça veut dire être indifférente à elle ?
bon ben ... d'accord, c'est la manière dont elle, elle interprète la vie.
tu peux rien y changer, c'est sa vision, ça lui appartient.
mais par contre tu es pas obligée de t'y conformer.
ce qu'il faut que tu voies aussi, c'est que tout ce que tu fais par culpabilité, remords, pour réparer etc etc... en référence aux attentes ou réactions des autres, tout ça se retourne un jour ou l'autre contre toi.
parce que ce n'est pas juste, et ça embrouille tout.
autre chose : notre inconscient nous fait nous mettre parfois dans des situations qui confortent ses mécanismes.
exemple (fictif bien entendu, je ne fais aucun lien avec ton histoire) : une personne a peur de l'abandon. lorsqu'elle est en couple, elle va toujours avoir peur que l'autre l'abandonne.
alors inconsciemment, elle va devenir très pénible, testant sans cesse les limites de l'autre, jusqu'à ce que... peut-être, l'autre finisse effectivement par s'en aller.
ainsi la personne qui a la phobie de l'abandon va voir là une confirmation du fait qu'elle avait bien raison de croire qu'on l'abandonnerait.
mais c'est complètement tronqué comme raisonnement, c'est de la pure "machine inconsciente" qui cherche à s'auto alimenter, pour ne pas changer l'image que l'on a de soi.
nous construisons notre identité, depuis l'enfance, sur de tels schémas conscients ou inconscients.
et nous redoutons (notre mental surtout) de perdre cette identité.
aussi, quitte à souffrir, nous perpétuons les situations qui maintiennent ces schémas, afin de ne pas perdre notre sentiment d'identité.
"moi qui ai toujours crû que j'étais quelqu'un que l'on abandonne, si je me rends compte que je ne suis pas ça, alors qui suis-je ?"
ça fait très "philosophique" peut-être ou métaphysique, mais c'est bien de ça qu'il s'agit. d'une question de perte d'identité ou de repères.
comme le prisonnier qui est malheureux dans sa cellule, mais si on lui ouvre la porte, il va peut-être se remettre dans une situation où on le renfermera, parce que sa cellule, c'est pas confortable d'accord, mais il la connait bien, il s'y sent en sécurité.
maintenant si tu transposes ça à ta relation avec C, je pense que tu pourras voir ce qu'il en est.
quels schémas inconscients ou conscients avez-vous répété l'une et l'autre, en vous les renvoyant en miroir ?
lorsqu'elle te "jette", et te dit que tout est fini, elle te pousse dans une situation où tu vas peut-être toi aussi essayer de t'en détacher, moyennant quoi quand elle revient, elle te reproche de t'être détachée, et elle te dit que ça confirme que tu ne l'aimes pas.
mais ça ne confirmes rien du tout, tout ça est passé au filtre de ce qu'elle pense et interprète de la réalité.
alors maintenant, vois ce qu'il en est pour toi.
par exemple, le soir où elle a appelé pour passer te voir, tu as anticipé sa réaction au fait que tu avais donné ses cadeaux.
essaye de chercher : dans quelle situation t'estu mise toi-même ce soir-là ?
c'est comme si tu avais anticipé, toi-même, le jugement sur ce que tu avais fait, comme si tu étais allée au devant de la culpabilité, moyennant quoi ça n'a pas loupé, elle s'est mise en colère et t'a renvoyé de la culpabilité et des jugements.
tout se passe comme si, quand on répète ces mécanismes et qu'on va au-devant d'eux parce que c'est la seule chose que l'on connaît et qui nous sécurise, on ne vivait pas dans la réalité de l'instant présent en interrelation avec l'autre, mais dans un film que l'on se crée soi-même. un scénario que l'on a écrit et que l'on joue, et dans lequel on donne à l'autre le rôle qui va nous permettre de tenir le notre dans le film.
tout ça est relié à une peur de l'inconnu.
quand on va au devant des situations connues, quitte à souffrir, pour ne pas accepter de traverser ces espaces inconnus où on ne sait pas, ce qui va se passer.
où on accepte de s'en remettre à la réalité, on a fait ce qu'on avait à faire, et on n'anticipe pas les réactions de l'autre, on attend, simplement.
on accepte les doutes, les peurs, tout ce qui remonte à ce moment-là.
c'est ce qui aurait pu se passer si par exemple (aucun jugement dans ce je dis, il n'est pas question de revenir en arrière ce qui est fait est fait, c'est simplement pour continuer l'explication avec un exemple concret et vécu), quand elle t'a appelée vendredi, tu lui avais simplement dit : "bon d'accord, viens" ; sans anticiper quoi que ce soit, sans imaginer quoi que ce soit...
il y a une interversion des rôles ici, tu anticipes ce qu'elle va penser et dire, en gros tu penses "à sa place".
et elle fait pareil, quand elle te dit que tu ne l'aimes pas etc...
mais qui peut savoir pour l'autre ce qu'il ressent, ce qu'il pense ?
il faut laisser l'autre jouer sa propre part dans l'échange.
si on fait les questions et les réponses dans sa tête, ça n'est plus un dialogue, c'est un monologue intérieur qui tourne en boucle, sans prendre en compte la réalité de ce qui se passe autour.
et plus on entretient ça, plus on se décale de la réalité.
le seul moyen de stopper ça c'est d'accepter l'inconnu.
de jouer sa part, faire ce que l'on a à faire et dire ce que l'on a à dire, centré sur soi.
je t'avais parlé une fois de faire l'inverse avec elle, prendre le contrepied de tes habitudes de réactions.
ça rejoint exactement ce dont je parle là.
arrêter de dérouler toujours le même film, stopper le truc, consciemment, volontairement.
c'est ce truc aussi de la papesse et la justice à l'envers dans le tirage.
la papesse à l'envers est dans son monde clos, elle a son livre sur les genoux, elle lit le livre, elle ne s'occupe pas de ce qui se passe autour.
que ça soit contraire à ce qui est écrit dans son livre... qu'à cela ne tienne, elle dira que la réalité est un mensonge, et que c'est son livre qui a raison.
par exemple c'est ce que ton amie fait quand elle te dit que tu es indifférente, si dans son livre est écrit que l'on ne l'aime pas, qu'on est indifférent à elle etc... eh bien, tu lui dis que tu l'aimes, mais elle ne t'écoute pas, elle croit plutôt son livre.
tu as aussi ton propre livre, le livre de tes lois, de tes croyances.
c'est ça qu'il faut déconstruire pour être soi-même, et être en prise directe avec la réalité du monde.
la vérité, la seule, peut-être, c'est que la plupart du temps on ne SAIT pas. on ne sait rien.
ni de ce que nous sommes, encore moins ce que sont les autres.
si on ne leur laisse pas la possibilité de réagir autrement qu'ils ne l'ont déjà faits avant, si on les enferme dans un rôle, comment peuvent-ils en sortir ?
ils le peuvent, mais au prix d'efforts, et parfois cela peut se traduire par des gens qui coupent tout simplement les relations, sans que l'on comprenne pourquoi.
ça parait abrupt mais quand la personne en face ne te laisse pas être toi-même, et ne t'écoute pas quand tu lui dis ta vérité, que peux-tu faire d'autre ?
partir, lâcher, pour aller rencontrer des gens qui écouteront vraiment.
ceci est aussi valable pour soi, seulement la différence c'est qu'on ne peut pas s'éloigner de soi-même, on peut seulement alors se sentir mal parce qu'on s'enferme dans des rôles qui nous limitent.
autre chose : (pardon pour le "désordre", les choses me viennent comme ça au fil de l'eau)
la situation qui s'est passée avec C l'autre soir me fait penser au fait que, tu avais peut-être peur de ce qu'elle allait te dire ce soir-là, peur que ça te fasse souffrir, par exemple.
mais ça a pu se passer à un niveau inconscient.
qui a fait que, pour "éviter" qu'elle vienne, tu lui as dit en anticipant, que tu avais donné ses cadeaux, sachant, ou anticipant (les gens sont prévisibles quand ils sont dans le mental et l'affect en permanence, du moins s'ils choisissent de l'être), qu'elle n'allait du coup pas venir.
pour ton inconscient, c'est mission accomplie, ok elle a été désagréable etc... mais OUF, elle ne vient pas.
bon après, ton inconscient lui il te laisse te débrouiller avec ce que ça engendre derrière.... lui c'est pas son problème.
son problème à lui c'est de te protéger, selon ses propres programmes qu'il a intégrés.
il ne fait pas ça pour te nuire, mais parfois, les programmes sont vieux, erronés, ou simplement parfois on a besoin de ne pas agir conformément à des programmes.
si dans ton inconscient, venue de C = souffrance, alors inconsciemment tu crées la situation où elle ne vient pas.
au moins ça c'est réglé.
manque de pot, ce qui se passe après te fait aussi souffrir.
bon... c'est un cercle sans fin.
qui pourrait cependant s'arrêter, si l'une de vous deux, ou même les deux, sortait de ses façons systématiques de réagir. et acceptait de laisser place à l'inconnu.
ton amie par exemple, aurait aussi bien pu réagir autrement, face au fait que tu avais donné les cadeaux. ne pas être prévisible et te dire : bon ben, ça fait rien, c'est ton problème, je viens quand même parce que j'avais des choses à te dire.
elle ne l'a pas fait, bon, ça lui appartient.
mais tu vois, dans chaque situation, aussi infime et banale semble-t-elle être nous avons la possibilité d'agir différemment. rien n'est jamais écrit, rien n'est inéluctable. nous avons toujours la liberté de réagir d'une autre manière, de nous arrêter une seconde, ne pas nous laisser entraîner par notre flux mental, nos habitudes de réactions, et changer de façon de faire.
cela suppose de prendre le temps, d'accepter de laisser des silences, de prendre des temps pour se calmer, fermer les yeux, écouter à l'intérieur.
arrêter ce "truc" intérieur qui nous embarque malgré nous, et nous remet dans toutes ces situations répétitives.
on n'est pas obligé de suivre toujours à la lettre ce foutu livre de la papesse qui est établi sur de fausses lois, venant de schémas anciens.
il y a deux choses, toujours, qui marchent ensemble :
- travailler sur soi pour changer les "lois", déconstruire les anciens programmes, reformater le disque dur
- et consciemment, dans la présence à chaque instant et situation, observer ce qui se passe, devenir un observateur conscient de notre vie et de notre mécanisme de pensée et d'action ; quand tu deviens conscient, tu peux changer les choses, quand tu as bien observé que 14 fois de suite aujourd'hui tu as agi selon telle manière de penser, à la 15ème tu es libre de faire autrement.
tu ne sais pas ce que ça donnera, ben oui, si tu as jamais essayé... mais au moins... ben tu vas pouvoir le vérifier. ce qui aura une toute autre valeur que l'idée que tu pouvais en avoir avant : la valeur de l'expérimentation.
bises
maïna