par Charly Alverda » Wed Nov 17, 2010 2:10 pm
Bonjour
La pensée est par nature dualisante, elle se divise en sujet observant et objet observé. Illusion, car nous nous identifions à tort à cette moitié de pensée qui dit je, j’observe, et rejetons l’autre : que nous prétendons extérieur à nous, sans songer que ce sont nos cinq sens qui “habillent” cet objet, cette "réalité"que nous sommes évidemment seuls à voir de cette façon.
Le docteur R. GODEL, disparut en 1961, a fort bien décliné les prétentions de notre système occidental de valeurs.
“ ... le règne de la dualité n'est ici qu'une apparence, puisque les pôles antinomiques solidairement couplés se déterminent réciproquement et se résolvent l'un par l'autre. Leur opposition relative correspond au mode d'approche d'une pensée que limite son propre dynamisme investigateur.
La réalité est au delà de cette surimposition d'attributs dualistiques; pour l'atteindre il faut rompre avec les formes temporo-spatiales d'appréhension et laisser surgir dans sa spontanéité la connaissance intemporelle, présente en nous à notre insu. En ce foyer de la conscience non dimensionnel cesse tout déploiement d'apparences.
Même s'il parvient à grouper dans la vue d'ensemble d'une synthèse, si compréhensive soit-elle, la pluralité des éléments que l'esprit d'analyse a fait jaillir, il n'en demeure pas moins captif de la forme. Tous ses efforts ne le porteront pas plus loin. Il importe que nous le sachions : ni l'esprit de synthèse ni l'analyse ne peuvent donner accès à la connaissance du réel. Ce dernier terme de la recherche demande pour s'accomplir un autre mode de réalisation irréductible aux dynamismes de la pensée informatrice.
Toutefois les acquisitions des sciences contemporaines, pour limitées qu'elles soient, offrent un précieux enseignement. Elles abattent la barrière fictive que notre moi corporel a établie indûment entre le monde,« objectif » et la « subjectivité ». A bien considérer les faits, toute représentation de nos sens et de l'intellect porte en elle, inextricablement liés, des éléments empruntés à l'extériorité et à notre intériorité. Les choses, telles qu'elles nous apparaissent, sont les produits de nos modes d'appréhension et de notre activité. Selon l'heureuse expression de P. Rousseau,. « l'objectivité s'évanouit » et « le monde atomique enlève à notre vieille idée d'objectivité toute sa raison d'être...
Pendant que se poursuit, à travers le jeu de la pensée mathématique, le déroulement d'une équation, l'opérateur n'est rien d'autre que l'impersonnalité d'une norme en train de s'exprimer. Tel est son champ de conscience -empli par l'action de l'impersonnel. De cette qualité normative procède toute la valeur de la formule produite.
Si l'homme de culture occidentale décide de suivre la philosophie impliquée dans les sciences contemporaines jusqu'à la conclusion normale, il tendra nécessairement à atteindre une perspective où s'efface l'antinomie qui oppose le monde objectif à la subjectivité.
Mais de nos jours, parce qu'une intime liaison commence d'apparenter les Sciences physiques avec celles de la vie, la voie cosmologique pourrait cesser d'être l'itinéraire interminable et aberrant qu'elle fut jadis.
Bien qu'il fasse usage en ses entretiens d'une dialectique applicable à l'espace-temps, le Sage a toujours soin d'en signaler et d'en corriger l'ambiguïté. Les ressources - depuis longtemps connues aux Indes -du principe de complémentarité lui permettent d'opposer par couples les termes antagonistes également vrais dans leur affrontement d'apparences contradictoires.
Les diverses disciplines exercent leur pouvoir sur les dynamismes du champ de conscience dont elles transforment la structure dans le sens d'une plus exacte intégration. Elles ne procèdent pas au delà.
Sous leur influence les images du moi corporel - ces produits d'une sensorialité infantile pathologiquement surestimée (narcissisme) sont dépouillées de la puissance attractive qu'elles exerçaient sur l'attention. L'énergie ainsi libérée s'oriente alors spontanément selon sa loi propre et se laisse résorber par le foyer naturel d'où elle est issue, dans l'axe d'intégration qui est reconnu pour être le moi authentique.
Avant d'apprendre à connaître ce qu'il est authentiquement, l'homme a dû, au préalable, désapprendre. Durant cette phase d'instruction négative il découvre et rejette les identifications erronées qui l'ont fixé jusqu'alors à un stade infantile d'égocentrisme. Les méthodes qui lui sont appliquées doivent tenir compte de l'état larvaire dans lequel il se trouve encore retenu. C'est à un enfant obstinément assoupi qu'elles s'adressent, à un enfant semiautomate et dont la croissance est bloquée. Le disposer au réveil et le délier de l'engourdissement n'est pas une tâche facile. C'est donc dans les limbes du sommeil ou de l'état crépusculaire que les psycho-techniques devront nécessairement opérer.”
(article repris par la revue 3è Millénaire)
Cordialement,
C...a