Message à Novella.Salut Novella!
Content de voir que tu ne pris pas mal mon silence et que tu demandes de mes nouvelles. C'est extraordinaire.
J'hésitais beaucoup à poster ce que je t'écrivis par désir de me débrouiller seul mais après tout tu es l'inspiratrice de mes retrouvailles avec celle que j'adore le mois dernier.
Livré à moi-même je ne fais que me sous estimer. Peut-être sauras-tu m'inspirer positivement à nouveau!
Je la revis il y a trois semaines.
A peine tiré de mon sommeil intranquille je m'empressais sous l'effet d'une subite intuition sur la page de son prétendu bon ami sur le fameux réseau social. Cet imbécile si prévisible venait justement- comme je m'y attendais- de poster la première photo d'eux en ligne assortie d'une phrase pleine de dérision de mauvais aloi pour parler d'amour (Bidon! Un amour sincère ne saurait être exprimé sous la forme d'une vulgaire boutade! Impossible! J'en ai pleuré et vomi le jour même! Affreusement ordinaire, ingrat, artificiel, dénué de charme. Mon antagoniste tant physiquement que mentalement. Si il était ignoré depuis presque un an et demi soyons certains qu'il ne serait plus là depuis longtemps).
Ne sachant ce qu'elle faisait comme études, je décidais néanmoins, mû par l'énergie du désespoir de la trouver coûte que coûte le jour même afin de lui déclarer que je l'aimais, si j'étais chanceux ça la chamboulerait au point d'avoir furieusement envie de me reparler et davantage qui sait, un miracle n'est jamais à proscrire.
Aucune trace d'elle là où je m’attendais peut-être à la voir, j'allais donc vers son ancien lycée au cas où elle y continuerait ses études.
J'arrivais désespéré, éteint... je l’aperçus de loin en compagnie d'une amie!
Quoiqu'à une trentaine de mètres et de dos je ne pouvais douter d'elle.
Je les suivais. Elles s’arrêtèrent enfin bavarder. Rien d'autre à faire me dis-je que d'aller lui déclarer que je l'aime quitte à poursuivre mon chemin si elle me crie exaspérée de la laisser tranquille.
J'y vais-il faut imaginer un jeune homme de haute taille à la flamboyante chevelure s'approchant d'un air sérieux- l'échange s'instaura de façon si naturelle qu'on aurait juré que nous étions amis (par quelque magique coïncidence nous nous trouvions tout près d'un jardin publique où je l'écoutais il y a deux ans esquisser de vagues mais si touchants projets d'avenir pour nous; nos relations étaient restées platoniques, non qu'elle sembla indifférente mais fort jeune de sorte que nos quelques années d’écart étaient plus problématiques qu’aujourd’hui, et en dépit de notre complicité pas banale du tout une relation s’annonçant aussi atypique qu'authentique n'était pas évidente compte tenu de son entourage rigide; pour ma part je ne voulais qu'être avec elle aucune autre mais je désirais vraiment faire d'elle mon amie dans un premier temps, l'entente était merveilleuse. Mes sentiments pour elle restaient platoniques quoique d'ores et déjà profonds).
C'était fort déroutant. Comme si elle ne m'avait jamais ignoré.
L'idée de lui faire le moindre reproche ne me traversa même pas l'esprit. Nous étions juste là, sans nous dire grand-chose de spécial mais sans gêne mutuelle comme toute la première moitié de l'année dernière où l'on ne se voyait que dans un contexte social, plus jamais seuls.
Il y aurait pu y avoir un silence d'un quart d'heure sans qu'aucune gêne ne naisse.
Je ne l'a sentis nullement tendue ou effrayée, mais douce et bienveillante à nouveau. Même assez désireuse de prolonger la rencontre.
J'appris qu'elle suivait des études à la fac (moi aussi après une sombre période de déscolarisation et de doutes existentiels, nous sommes à un bâtiment l'un de l'autre, de plus ses études nous fournissent un sujet de conversation et pas des moindres dans la réalité, et j’adore lui parler, jamais causer avec quelqu'un ne me procura tant de plaisir).
Quand nous nous quittâmes elle me dit gentiment salut!
Je me sentis momentanément comme un garçon normal, absolument rien dans sa façon spontanée de me dire salut avec un léger sourire ne laissait croire qu'elle m'ignorait depuis un an et demi.
Je commis il y a deux semaines une timide tentative d'approche à l'université, tentative qui se solda par un abandon lamentable.
Il n'est pas inutile de savoir que je suis le type le plus timide qu'on puisse imaginer, très sensible, intense. L’aborder dans ce contexte en soi source d’anxiété pour moi, flanquée de deux camarades me parut impossible. Je n'aurais pu m'exprimer à ma guise. Inconsciemment quand je la vois entourée je crois que c'est exprès, afin de m'éviter car elle sait que cela me rebute.
Aussi j'en fus réduit à passer dans son dos sur la pointe des pieds sans oser m'arrêter ne serait-ce que pour la saluer.
Conscient qu'elle m'avait très vraisemblablement aperçu je lui écrivis que ma cervelle anxieuse était juste pétrifié à l'idée qu'elle ne se montre froide... Se trouver des excuses est si facile!
J'ai peur de me voir rejeté en allant à sa rencontre, ou de me sentir mortellement ridicule. Cette inquiétude n'avait pas lieu d'être il y a deux ans lorsqu'elle faisait de touchants efforts, m'écoutant avec son cœur comme personne.
Lorsqu'elle devint brutalement très distante toutes mes tentatives pour lui parler ne me procurèrent que bien des souffrances. Néanmoins mon cœur fut toujours exempt de la moindre haine à son égard. La profonde adoration que je lui voue depuis deux ans et demi semble indépendante de sa conduite.
J'appris depuis le début de l'année à exprimer ce que j'éprouve bien qu'essentiellement par écrit, sauf quand je suggérais l'aimer vraiment en février, pouvant observer un léger tremblement de ses mains. Quelques temps plus tôt, crevant de ne pas l'avoir vue depuis des mois, je lui avais sérieusement écrit ce que j'éprouvais, lui laissant sentir à quel point la revoir était vital, puis je la croisais par hasard.
De février à juin je n'osais donner suite à nos surréalistes retrouvailles en allant la trouver au lycée alors que j'y pensais en permanence mais l'avoir revue ne serait-ce qu'un quart d'heure m'évita de périr de détresse.
Pour que tu ne sois pas confuse niveau chronologie; nous avons fait connaissance début 2014 dans un certain contexte social où nous furent amenés à coopérer. L'entente fut tout de suite singulière. Je ne m'étais jamais senti instantanément si bien avec quelqu'un. Dans un premier temps elle ne m'attirait pas spécialement d'un point de vue physique-non qu'elle me déplaise loin s'en faut! je ne l'avais juste pas remarquée pour son apparence- mais je l'adorais très vite alors que je ne suis pas du genre à m'emballer aisément pour autrui.
L'été de la même année nous nous rencontrèrent seuls une poignée de fois ce qui était peu compte tenu de notre entente et nos facilités pour nous voir mais cela fut très authentique voire assez magique à mes yeux. Elle disait que nous nous aimions bien, se montrait délicieusement gentille, m'écoutait de tout cœur, continuait mes phrases quand j'hésitais et face à cette sorte de synchronicité mentale je me disais quelque chose comme "oui c'est ce que je voulais dire! Je t'adore, embrasse-moi je t'en prie c'est une question de vie ou de mort!".
En septembre, il y a deux ans de cela elle se montra ravie de me revoir toujours dans le contexte où on s'était rencontrés. Elle parla même de continuer à se côtoyer, me regardant intensément... Nos relations avaient été jusque là platoniques quoique ambiguës, dénuées d'expression d'affection physique mais je ne doutais pas d'une vraie tendresse mutuelle. Je lui donnais un baiser pas maladroit sur la joue qu'elle ne sembla pas prendre mal. Elle me regarda même d'un air toujours très intense depuis la voiture de son paternel qui s’éloignait dans la nuit. J'avais encore le cœur assez léger, loin d'imaginer que c'était la dernière nuit de ma vie où je ne serais pas rongé d'inquiétude.
A compter de ce soir elle mit brutalement un mur invisible entre nous sans explication: impossible dès lors de lui parler et bien entendu de la voir.
Chose terrifiante car jamais je n'avais tant aimé me retrouver en compagnie d'un être humain!
Bien que j'eus un comportement assez neutre elle finit par me demander si j'étais amoureux d'elle pour finalement me dire qu'elle entendait conserver une "simple amitié" alors qu'on ne se parlait jamais. Je lui demandais d'un air absent si elle était amoureuse de quelqu'un d'autre, même pas! Elle ne rencontra l'autre horreur qu'un peu plus tard.
Quand le contexte qui nous liait superficiellement prit fin en juin 2015 elle en profita pour couper tout contact d'un coup sans me fournir la moindre explication sinon qu'elle n'avait plus envie de me côtoyer à l'avenir (mais c'était déjà le cas plusieurs mois plus tôt suite à mon baiser qui la fit se comporter du jour au lendemain comme une pure inconnue à mon égard; néanmoins-et c'est pourquoi je me croyais fou-je continuais à sentir une connexion entre nous malgré la soudaine impossibilité à dialoguer mais je sentais vraiment quelque chose de profond avec elle et pour elle tout en souffrant d'être apparemment dégoutant à ses yeux).
Je ne l'ai pas revue avant février dernier, cette première période sans la voir fut infernale, j'étais sur qu'elle me détestait, d'être fou. On veut savoir pourquoi on est ignoré, l'esprit a besoin d'une explication, j'aurais accepté n'importe laquelle pourvu qu'elle fut rationnelle "tu n'es pas à mon goût/ je te méprise intensément/ tu me déprimes/ tu es un raté". Tout ce que je savais est qu'on ne voulait pas me parler sans comprendre pourquoi précisément.
Je n'osais la trouver au lycée de février à juin étant trop honteux de ne rien faire de ma vie faute d'avoir fait un bon choix à la fac et elle m'avait dit de reprendre des études.
Ce que je fais à présent, nous sommes à un bâtiment l'un de l'autre.
Mais j'ai toujours honte de ma personne. Comment changer cela?
Je projette de l'inviter au cinéma samedi soir mais j'ai peur qu'elle me dise non vu que ça me donnerait envie d'aller tuer l'autre type or je n'ai pas envie d'aller en prison ça serait si déprimant et flinguerait définitivement mes chances.
Les samedis soirs sont spécialement cauchemardesques pour un névrosé comme moi vu que c'est là que les gens normaux se voient entre amis, entre amoureux... L'imaginer s'amuser, voire subir l'étreinte d'un idiot lui vouant quelque chose de dérisoire à côté de moi pendant que je me fais du mauvais sang est affreux, si injuste, aussi j'ai l'habitude les samedis soirs de descendre quelques bières seul dans un parc solitaire à la périphérie de la ville où je ne risque de croiser aucun être humain-quand par malheur cela arrive je pousse un soupir d'exaspération misanthropique et je m'en veux encore plus- afin de ne plus trop m'en vouloir d'être un mec si déprimant qui emploie tout son temps à ruminer des inquiétudes existentielles, incapable d'avoir une petite amie ou même une amie. Un célibataire de toujours, futur vieux garçon très bien parti pour finir seul ignoré par celle qu'il aime! Je ne me sens même pas très dépressif comme il y a quelques années, mais insignifiant du fait d'être ignoré. Frustré de sentir si profondément, d'être sans doute plein de ressources mais pourtant là misérablement seul en imaginant ce que serait une belle vie pleine d'amour... Rêveries vaguement consolatrices. Je me sens néanmoins coupable d'être ainsi alors qu'il serait je le sais de meilleur ton d'essayer d'avoir le courage de jouir comme tout le monde mais une telle attitude me semble à moi digne d'une simple brute, contraire à mon idéal. Je ne suis même pas aigri puisque je respecte la jouissance d'autrui, à tel point que je me cache en partie pour éviter à mes semblables d'avoir affaire à un être démoralisant ou gênant par sa différence. Si je vois un inconnu embrasser une inconnue je ne suis nullement jaloux mais positivement fasciné par cette réussite sentimentale éclatante.
Qu'importe mon physique relativement avantageux, le succès potentiel que je pourrais rencontrer par ailleurs, cela ne change rien. Je ne fus jamais obsédé par avoir quelqu’un afin d'éviter la solitude qui ne m'effraie pas, plutôt par sortir avec une personne que j'adore vraiment et qui me comprenne.
Chaque samedi je m'imagine arrivant à sa porte pour me manifester histoire de rappeler que j'existe (et surtout dans l'espoir non secret d'un triomphe si par miracle elle était émue, ne sait-on jamais, elle fait certes preuve d'une fermeté inébranlable dans sa résolution meurtrière depuis deux ans mais elle doit bien avoir un cœur tout de même) car être ignoré me fait me sentir si vain de sorte qu'à chaque fois je trouve une excuse pour ne point y aller. Si on me disait "détrompe-toi tu es de la plus grande importance, vas-y et triomphe!", j'irai ne serait-ce que pour ne pas être décevant.
Je ne l'appelle presque jamais. Le mois dernier, le matin du jour où je la revis je l'appelais exceptionnellement pour m'apercevoir qu'elle avait apparemment bloqué mes appels.
J'évite d'appeler car lorsque j'effleure l’icône en forme de combiné j'éprouve vif un sentiment de culpabilité. Je me dis que je suis très embarrassant, voire pathétique. Et si elle ne répond ou que je me crois bloqué je me sens encore plus misérable.
Je songe alors non sans lucidité que quelle que soit la connexion entre nous il faut pour moi me rendre à l'évidence; les gens ne s'unissent pas amoureusement sur ce genre de base mystique, mais sur une attirance charnelle, physique, c'est un fait, et que si elle m'a initialement rejeté c'est qu'elle n'éprouve à priori rien de semblable pour ma monstrueuse personne condamnée à un suicide plus ou moins lent...
Il me semble avoir besoin de conseils relationnels efficaces afin d'aborder la situation avec davantage d'assurance, car connexion transcendantale ou non cela reste une relation humaine or je ne suis hélas pas du tout sur de moi sur ce plan, n'ayant pas d'amis, et pour tout dire je ne fus jamais impliqué dans une relation amoureuse pour la simple raison qu'avant elle je n'avais jamais rencontré une fille avec laquelle je veuille vraiment être. Irremplaçable. J'adore lui parler, je me sens moi-même en sa présence. Quand elle est là je n'ai jamais souhaité qu'une chose, qu'elle reste!
Elle me semble double. Celle sur son réseau social qui semble si légère, insouciante; celle que j'ai parfois face de moi dont l'air pensif m'intriguera toujours. Je n'ai jamais trouvé quelqu'un si réel, si
familier. En sa présence j'ai le sentiment d'être hors du monde et en même temps plus que jamais réel.
Quoique je ne parle avec personne j'ai l’impression de souler tout le monde, si c'est le cas avec toi dis-le et explique-moi pourquoi je le suis. Je suis curieux! Il arrive souvent qu'on émette des jugements généralement négatifs sur moi comme tu as pu le voir dans ce post même il y a trois mois (ignorer quelqu'un est la forme de jugement la plus négative car cela sous entend que la personne est inacceptable, et en société on préfère à priori éviter d'en arriver à faire abstraction d'autrui puisque la survie est pas mal basée sur les liens qu'on développe avec le monde extérieur; ignorer quelqu’un est une gymnastique sans doute désagréable, l'étant d'autant plus qu'on est susceptible de croiser cette personne, j'imagine que cela ne laisse guère la conscience tranquille en particulier quand la personne que vous ignorez est dans la même fac que vous et vous écrit sur votre immoralité dès neuf heures du matin...) mais si l'on ne m'explique pas en quoi je suis déplaisant ou anormal, je ne peux faire d'efforts pour m'améliorer.
Pour quelle raison m'exclut-t-elle de la sorte? Car ignorer quelqu'un est un meurtre silencieux.
On ne saurait ignorer le fait d'être ignoré. Les arguments mystiques si jolis soient-ils ne suppriment pas le problème.
Merci infiniment de ton attention!
Sans oublier l'énigmatique tarot.