Elle se plaint à merveille ... elle se victimise tout le temps (elle ne rate pas une occasion). Je ne sais plus comment me comporter avec elle. La conversation tourne autour de ses douleurs, de ses activités (qui lui a rendu visite, sa kiné, ses infirmières...). C'est assez répétitif en somme, mais ça ne me dérange pas encore trop.
Depuis 15 jours, je ne l'appelle plus (elle non plus d'ailleurs). Cette relâche (comme au théâtre) me fait du bien, tout en me culpabilisant !
Quel comportement adopter face à cette attitude de victime de ma mère ?
Bonjour Francine,
Hors tirage, cette situation est malheureusement le lot d'innombrables enfants lorsque les parents perdent certains de leurs moyens, que les rôles s'inversent et que petit à petit nous devenons les parents de nos parents. Selon les situations, cela peut aller jusqu'à devoir leur mettre des Pampers, les nourrir, les réconforter tels des bébés.
La culpabilité fait partie intégrante du processus jusqu'au moment ou l'enfant accepte de prendre les rênes de la situation. C'est à dire que délicatement il doit modifier les rôles: expliquer que l'on aime sa maman ou son papa mais que l'on ne souhaite pas entendre tous les jours la liste des modifications de posologie ou les changements dans les douleurs. Gentiment leur dire que l'on est présents et que l'on sera toujours là en cas de besoin mais que vous avez aussi des enfants, un mari voir un travail dont vous devez vous occupez. Lui dire que connaître son journal intime quotidien avec la maladie ne vous apporte à elle et vous rien du tout car vous ne pouvez pas lui rendre sa santé et sa jeunesse. Exprimez-lui combien vous êtes contente de l'entendre parler de choses gaies et coupez la conversation dès que la routine plaintive s'installe. Vous serez surprise de la rapidité avec laquelle votre maman va modifier son discours !
Il faut absolument "casser" les comportements pavloviens mère-fille afin de laisser place à un échange plus serein, plus profond. Mais c'est à vous de diriger. Pensez, p. ex., à lui parler de la fin de vie, de lui demander si elle angoisse à l'idée de ne pas être éternelle... bref, ne plus revêtir le rôle de la gentille fillette qui dit toujours oui mais celui de l'adulte forte, mature sur laquelle votre maman va pouvoir se reposer. Dès qu'elle sentira cette force, elle sera rassurée et je vous le réécris, vous serez abasourdie de la rapidité avec laquelle cette évolution aura lieu.
Je souhaite beaucoup de tendresse et de force à toute votre famille