Bonjour,
j'ai été très heureuse de voir sur votre message que V. va mieux depuis qu'il est suivi. Désolée de vous répondre tellement tard, je n'ai pas pu revenir sur le forum depuis pas mal de temps.
Pour être franche, je pense que j'avais peur d'avoir blessé quelqu'un avec mes questions iconoclastes!
Avant tout, je dirais que ce qui est le plus choquant pour V. a certainement été l'attitude de la direction de l'établissement. Car il sait, lui, ce que sont ses petits camarades, ce n'est pas une totale surprise même s'il a peur d'eux. Mais venant de la part d'un adulte référent, il s'agit à ses yeux (et pas que) d'une vraie trahison.
Et il risque de ne plus avoir confiance en eux ni ... en grand-monde.
En avez-vous parlé avec cette directrice?Lui avez-vous demandé pourquoi elle l'avait traité de cette manière particulièrement injuste, agressive, et inadaptée?
Est-ce elle qui pourrait imaginer une "différence" au niveau de la s... simplement parce qu'il ne se battrait pas comme les autres (!!!)
Car vraiment sa réaction manque gravement de respect à l'égard de votre fils, et montre une forme de rejet.
V.n'a pas les mots pour dire à quel point cette accusation de la part de la directrice est injuste à ses yeux. Il ne peut pas les avoir, il est trop blessé car l'injustice vécue est beaucoup trop importante, surtout dans la mesure où il est replacé dans son autorité.
Donc peut-être pourrait-il être soulagé d'entendre de votre bouche et de celle de votre mari que vous n'approuvez pas la violence de la directrice à son égard (car je suppose que tel est le cas) et que vous ne la croyez pas quand elle l'accuse de mentir. Peut-être cela vous semble-t-il évident, ou peut-être l'avez-vous fait, et tant mieux. En tout cas il semble important qu'il soit rassuré sur ce point.
Vous pourriez aussi lui dire qu'il est normal aussi qu'il ait peur de gens qui le menacent, qui le maltraitent, etc...
Car il est normal d'avoir peur en face de quelqu'un de menaçant, de plus fort, et tout le monde ressent ce genre de choses, surtout quand on est profondément gentil et ouvert aux autres, et qu'on ne veut soi-même aucun mal aux autres .
ET ensuite, mais seulement ensuite, qu'il est possible
à la fois de ressentir cette peur (ce stress) et d'y faire face : par exemple en maîtrisant effectivement cette peur par le mental, (pas facile quand même à 12 ans) ou en faisant du yoga, ou en écrivant des nouvelles qui tourneront les grands brutaux en ridicule, ou des chansons, ou tout autre chose...
Je suis certaine que V. trouvera sa propre solution, ( son propre pouvoir
, et aussi sa propre identité à divers niveaux) quand il saura
qu'il est légitime qu'il ait des émotions en face (notamment) de ces gens agressifs peut, colère, ou même (le plus probable) les deux à la fois! Il saura créer une réponse en adéquation avec sa personnalité.
Mais on ne peut pas lui demander de faire face à ses émotions (pour les maîtriser) avant d'être certain qu'elles sont légitimes. Car les maîtriser sans les accepter reviendrait en réalité à leur donner une importance encore plus grande (et serait donc particulièrement contre-productif...)
Accepter la peur et la colère (et peut-être la honte de ne pas avoir osé répondre, de ne pas avoir osé se battre, qui sait? cela aussi, ça existe et c'est humain) lui permettra aussi d'accueillir pleinement la joie et les possibilités de bonheur, et c'est peut-être le plus important dans toute cette histoire.
Et (tant que j'y suis) il a aussi le droit d'être très en colère contre la directrice, si elle a menti. ET ça aussi, il est important qu'il puisse le dire, et que cela puisse être entendu, au moins par vous ses parents.
Maintenant, à propos de votre question :
Quitte à déborder une fois de plus (pardon, Lux Ferré!) du tarot, je dirais qu'une émotion, même très forte ou violente, peut être parfaitement bien vécue si elle est acceptée (par l"auteur" de l'émotion mais aussi pas l'entourage), alors qu'une émotion banale peut être "dramatisée", quand on est fatigué, ou encore quand cette émotion touche à un sujet tabou (au niveau familial, ou sociétal, par exemple.)
Chez n'importe quelle personne, le passage vers l'adolescence est bouleversant, effrayant.
Dans la société des garçons, la s... s'exprime, chez beaucoup d'adolescents, par une forme de vulgarité et de provocation, qui leur permet d'évacuer précisément la part d'angoisse inhérente.
Mais pour une personne comme V., tout au moins tel que Martine et vous-même le décrivez, il paraît évident que l'éveil ne peut pas s'exprimer de cette manière-là.
Et que donc V. reste avec ses émotions qui littéralement, et c'est complètement naturel, "débordent". La vie bouillonne en lui et c'est merveilleux! Mais en même,temps pas facile à gérer pour lui.
Et en se ressentant "différent" pas forcément par la nature de ses attirances, mais certainement par
la manière de les exprimer, il pourrait 'avoir peur d'être différent, d'une part, et de ne pas être capable de s''intégrer, d'autre part.
Peut-être que l'arrivée dans la famille du compagnon de votre beau-frère a été vraiment bouleversante pour tout le monde à l'époque.
Depuis en tout cas, la situation a été intégrée positivement.
Peut-être (attention, ce n'est vraiment qu'une hypothèse de ma part) que V. pense, lui, qu'il pourrait ressembler à ce compagnon-là, parce que ne se sentant pas ressembler aux grands bêtats brutaux qui lui font peur au CES. C'est dans ce sens que je parlais d'éventuelle "imitation" dans mon premier message (toujours le Bateleur la tête en bas regardant vers le Pendu) : peut-être pourrait-il penser qu'il est tellement différent des autres de son âge qu'il ne peut pas non plus être "comme eux" au niveau de la s...
Et V. pourrait prendre ce compagnon de son oncle comme un contre-modèle positif à ceux qu'il perçoit comme des brutes, a fortiori s'il s'entend bien avec lui.
je ne sais pas, c'est en tout cas ce que votre tirage m'a évoqué.
Vous êtes la mieux placée pour savoir ce qui peut se jouer en ce domaine, bien évidemment.
Quoi qu'il en soit, il serait bien qu'il sache que le moment qu'il vit est juste un passage, que certains vivent avec plus ou moins de violence, plus ou moins de bêtise ou de grâce, et que tout le monde est passé par là un jour ou l'autre, même ses parents, même son père, et que ceci ne l'a pas empêché d'avoir un enfant : lui, V.
Et qu'il soit certain que vous l'aimez, et que vous l'aimerez, sans anticiper en quoi que ce soit sur son évolution ou son orientation. Simplement qu'il vous sente prêt à accueillir ses changements lorsqu'il y sera prêt.
Certainement avez-vous déjà dit ce genre de choses, mais on ne l'entend jamais trop!
En tout cas la première partie me semble la plus importante pour l'instant , en ce qui concerne le fait de parler avec lui.
Et par ailleurs, être attentif à ce qu'il 'y ait pas de projection de la part de quelqu'un d'autre (par exemple la directrice) en le cataloguant, et surtout en le "condamnant" ce qu'elle a déjà fait évidement de manière détournée.
Voilà, pardon pour la longueur de ma réponse. Ce qui touche à l'enfance mérite qu'on prenne un peu de temps.
J'espère que tout va aller de mieux en mieux pour V. ; je lui souhaite de très bonnes vacances, et à vous aussi!
Porképic