Bonjour soleil,
répondre à cette question me semble délicat.
D'une part nous occultons tous des événements par protection, c'est le rôle de l'inconscient entre autres, de préserver notre survie psychique lorsque nous n'avons pas les ressources pour gérer une souffrance, donc de conserver le vécu mais de manière inconsciente. Ca peut être des événements de différentes natures, parfois qui peuvent sembler "anodins" si on les regardait de manière trop rationnelle, mais si c'est "mis de côté" c'est que l'intensité est trop forte pour être gérée à ce mooment-là.
Donc en gros, la réponse à la question est forcément oui, ce qui ne veut pas dire que vous ayez enfoui pour autant un "seul et unique événement qui serait responsable de tout" (je caricature un peu hein).
D'autre part, si votre inconscient a enfoui un ou des traumas, pour une bonne raison, ce n'est pas judicieux de commencer à essayer de "forcer ça", dans le sens d'essayer de voir de l'autre côté par volonté sans avoir commencé le travail préalable de remontée, guérison, accueil des émotions, etc. Votre inconscient n'a aucune raison de "planquer" des choses indéfiniment, donc quand vous serez prête, si jamais il y a quelque chose, ça devrait remonter au rythme qui est adapté pour vous, en fonction des ressources que vous avez pour y faire face.
Je me sentirais mal à l'aise de vous dire oui ou non à cette question, j'aurais l'impression de "marcher sur les plate bandes" de votre inconscient, alors que c'est quelque chose de privé, personnel, et que votre intériorité a ses raisons profondes et son rythme profond qu'il faut respecter.
Se faire confiance passe en premier lieu par faire confiance à son être, complet, l'inconscient y compris. Par définition nous ne sommes pas conscients avant travail de la quantité de douleur que nous avons pu emmagasiner dans notre vie, selon qu'on a été sensibilisé au monde émotionnel, et qu'on a pu accueillir plus ou moins ce qu'on ressent, on peut en avoir plus ou moins une notion, mais par définition si ça a été mis de côté par l'inconscient, alors c'est inconscient.
La seule chose que je peux vous dire c'est que l'important est de veiller, avec n'importe quel thérapeute, à vous sentir respectée, dans votre personnalité et votre vécu, et aussi de faire attention à ses compétences et son propre équilibre (notamment au travers de la cohérence entre les actes et les paroles).
Si je peux me permettre par ailleurs de vous faire un retour personnel d'expérience, pour vous apporter quelques éléments éventuels pour votre réflexion :
j'ai vécu longtemps pour ma part avec cette sensation de manque de souvenirs, et une forte interrogation là-dessus. Avec des difficultés d'affirmation énormes et une souffrance latente énorme aussi.
J'ai effleuré cette hypothèse de "événement enfoui par protection", parce que je me disais que ce n'était pas possible que ma simple vie, telle que je la percevais, avec des choses qui semblent tellement banales pour plein de gens, ait pu générer une douleur telle et une sensation d'étau et d'enchaînement intérieurs tels.
(critique et jugement permanent depuis l'enfance, une mère inopérante narcissique incapable d'amour "réel" et d'écoute, remariée à un abruti violent - mais que verbalement, jamais physiquement, donc pour la plupart des gens c'est "rien, y'a pas de traces", dévalorisation globalement permanente dans toute ma famille, pas de tendresse, pas d'empathie, un refus absolu des émotions, sinon catégorisation en "emmerdeur" et dévalorisation supplémentaire, etc... je vous en passe la liste est longue. )
Au final, c'était pourtant bien ça, avec en plus les événements "en chaîne" si je peux dire qui ont découlé des premières blessures. L'incapacité psychique à dire non peut conduire dans des situations graves, qui rajoutent une couche de souffrance et qui enfoncent encore un peu plus.
L'absence d'amour réel, effectif, profond, inconditionnel, stable, est déjà en soi quelque chose qui a des impacts très profonds, mais comme plein de gens rencontrent ça, c'est globalement assez banalisé et même de nombreux thérapeutes finissent par vous balancer à la gueule qu'il n'y a qu'à "désillusionner" du parent idéal et voilà. Vaste foutaise. C'est absolument nécessaire de reconstituer cet amour au fond de soi pour se sentir entier (et la question alors n'est plus de l'autre, mais de ce qu'il faut faire pour soi)
La critique, le jugement, sont des violences importantes sur un enfant ou même après, sur une personne, dans ce qu'elle est.
Bref, ce que je veux vous dire, c'est que la violence ordinaire peut "malheureusement" suffire à expliquer beaucoup de difficultés que nous sommes nombreux à rencontrer à plus ou grande échelle : difficultés d'affirmation claire et stable (équilibrée : sans agressivité inutile, sans non plus s'excuser d'exister) ; difficultés à se respecter, s'aimer, voire se protéger ; difficultés à défendre ses valeurs et oser exprimer une différence de point de vue, ou des besoins. etc etc.
Il peut arriver que l'on ait en effet enfoui un "énorme événement", ou bien qu'on se souvienne de l'événement de manière factuelle mais qu'on ait enfoui les émotions associées, et il peut arriver "simplement" que l'on ait enfoui tous les impacts de violences banales quotidiennes, qui accumulés génèrent une sorte de "paralysie" interne, comme quand on s'est fait marcher dessus trop souvent, ou attaquer trop souvent (et je répète cela nous arrive à tous, même si le degré peut être différent selon les histoires, et le fait d'avoir été autorisé intérieurement à se défendre plus ou moins). Ou bien que l'on ait enfoui un manque énorme, qui fait que l'on ne dispose pas du soutien intérieur pour se sentir en confiance, serein, entier.
Je ne vous noie pas plus de mots, et je vous laisse prendre de tout ça ce qui peut vous être utile dans votre propre réflexion.
Je vous souhaite surtout de pouvoir trouver et contacter votre propre "fil conducteur", de compréhension et soin de votre propre vécu, pour vous sentir bien

Belle journée
Melodierose