Hello Delfine,
je ne sais pas comment te répondre, j'ai l'impression que tu t'envoies des tonnes d'injonctions "je dois", "il faut"...
il peut y avoir des besoins profonds qui essayent de s'exprimer et qui auraient besoin d'être entendus, décryptés, pour pouvoir s'exprimer autrement, d'une manière qui te laisse plus de latitude intérieure et qui ne te "tape pas sur la tête" en permanence... (I. Padovani dans ses videos parle souvent de cet espèce d'inspecteur des travaux finis que nous avons à l'intérieur et qui se nourrit beaucoup des grandes phrases spirituelles.... mais quand on est au fond du trou, quand on a besoin d'empathie et d'aide, ou tout simplement dans la vie de tous les jours quand on paye ses factures et qu'on se galère avec je ne sais quoi, ce n'est pas les grandes phrases qui règlent les choses, et nous sommes des êtres humains sensibles, c'est aussi toute notre force...
même si l'inspecteur des travaux finis essaye de parler de besoins spirituels profonds et authentiques, il faut l'aider à traduire parce que c'est rude ce type d'injonctions voire de critiques intérieures à la longue et ça ne rend pas la vie facile.
plus globalement il me semble que tu as besoin d'empathie, de douceur, et que tu ne t'adouciras pas la vie avec des généralités sur "je dois apprendre à faire ceci ", d'autant plus quelque chose d'aussi difficile que "ne pas se soucier du lendemain"..
je dis difficile dans le sens que ça soit authentique, que ça vienne du mouvement interne, et non que ça soit un faux état dans lequel on refoule juste tout ce qui nous stresse ou nous pose problème.
par rapport à la peur de la solitude je me demande s'il n'y a pas quelque chose en rapport à ta mère.
pas forcément uniquement dans le sens "hériter", mais aussi une solitude que tu pouvais ressentir avec elle, dans sa façon de te "traiter" peut-être ou son rapport à toi.
cette peur n'est pas du tout justifiée.
Si, elle l'est, quelque part, par des raisons internes peut-être non perceptibles en premier abord. Peut-être dans des raisons profondes ou des informations qui ne sont pas accessibles aujourd'hui à la surface. Mais qui existent.
Pour l'entendre et accéder à ce qu'il y a dedans, tu ne peux pas commencer par lui dire "bon tu n'as pas de raison d'être ; mais en même temps, j'ai besoin de savoir ce que tu es pour démêler".
D'une part , je suis très entourée, chaque jour je peux si j'en ai envie, voir un ou une amie différente.
D'autre part, quand je passe Du temps avec quelqu'un, j'ai besoin de solitude.
Oui tout ça sont des raisons rationnelles que tu opposes à ce sentiment. Mais il peut s'agir d'époques différentes, juxtaposées, de choses qui n'ont rien à voir, et qui du coup ne se compensent pas parce qu'elles ne touchent pas la même chose. Il n'y a qu'en l'écoutant en totale ouverture et sans a priori que tu peux le savoir.
Je ne sais pas ce qui se passe là, je sais que tu travailles sur toi depuis des années. Pour autant quand je te lis présentement j'ai le sentiment d'un "combat" pour repousser des choses qui remontent et qui sont difficiles voire très difficiles, dans un contexte où tu as des responsabilités, peu d'aide peut-être concrète / réelle, ou correspondant au soutien dont tu aurais besoin. Tu as le droit d'avoir besoin de soutien, ce n'est pas une tare ni une faiblesse.
Je te sais absolument sincère, volontaire, et dans une recherche. Mais j'ai l'impression que tu es en asphyxie ou surcharge émotionnelle, qu'il y a trop de choses, et que certaines émotions "posent problème", que tu essayes de vivre, de trouver de la légèreté, de ne pas envahir les autres, et en même temps je me demande si tu ne refoules pas involontairement certains de tes besoins pour des raisons de "croyances" ou d'injonctions" justement (si c'est le cas cela pourrait enlevé simplement, et te soulager rapidement et déjà enlever ce poinds supplémentaire qui s'ajoute aux choses qui ont besoin d'être réglées). Si ce n'est pas lié à des injonctions (type "il faut" pour se conformer à des choses que d'autres véhiculent), c'est peut-être lié à des choses qui sont plus intenses ou difficiles que ça ne semblerait "logique" mais qui sont bel et bien là et qui ont leur raison d'être, même si ce n'est pas apparent tout de suite.
Tu t'es battue pour sortir de certaines choses, j'ai compris et certainement pas tout que tu avais vécu beaucoup de violences graves. Je ne sais pas si tu as reçu assez de reconnaissance par rapport au chemin que tu as parcouru, à la force qu'il t 'a fallu et à tout ce que tu as affronté, tout ce à quoi tu as fait face.
Peut-être qu'aujourd'hui tu voudrais juste vivre et ne plus avoir à "faire face" encore à des difficultés aussi pesantes, je ne sais pas comment tu te sens quand tu ressens quelque chose qui n'est pas "fluide", simple, : une angoisse, une peur qui monte, alors que sans doute tu aimerais vivre en paix et dans la joie, simplement, comme un grand geste ouvert.
Je crois, mais je peux me tromper, que peut-être ce sentiment demanderait à être entendu, et que tu aurais besoin de réconfort pour beaucoup de choses.
A chaque fois que je te parle d'entendre, d'écouter, de s'occuper de, en même temps je me dis que quand on est seul ce n'est pas du tout facile et à un moment donné on a besoin de recevoir simplement, et pas toujours de devoir s'occuper de tout, soi, les autres, son passé, ses émotions et aussi les tracas du quotidien etc... et le fait d'essayer de faire de son mieux simplement.
Parfois quand on a beaucoup de besoins pas nourris, on se dit "oui bon c'est comme ça, que je m'y apesantisse ou pas ça n'y changera rien". Sauf que ce n'est pas vrai, car des besoins qui ne sont pas nourris du fait de circonstances que l'on ne maîtrise pas peuvent malgré tout être entendus, profondément, et on peut y trouver un premier apaisement et un chemin d'évolution qui est différent, on peut aussi soigner le passé, même si parfois ça prend du temps.
Prendre la mesure de à quel point on a mal à certains endroits c'est aussi prendre la mesure de à quel point nous sommes vibrants. Si on en avait rien à foutre du respect, de l'amour, on n'aurait même pas mal quand quelqu'un s'en va ou nous marche dessus. Si on s'en foutait de la légèreté, la lumière, la spiritualité, on ne tiquerait pas quand quelque chose n'est pas juste, aimant, doux pour l'âme...
Nous avons besoin de présence pour nous déployer, même quand ça a mène à être en contact avec des sentiments pénibles.
Si certaines choses sont trop pénibles, il faut absolument demander une aide de lumière, demander à recevoir une guérison, un don, parce que certaines choses ne peuvent être soignées que par une lumière qui transcende, un amour total qui ne nous est quasiment pas perceptible à certains moments avec toutes nos limites humaines, mais que nous pouvons recevoir pour être soigné, et être aimé.
Accepter que l'on n'est pas trop petit pour être aimé autant. Et qu'on a le droit de ressentir des choses, de ne pas toujours être "parfait" (quels que puissent en être les "critères") et d'être aimé quand même.
Il n'y a ni jugement ni critique dans ce que je dis, sois en certaine, j'ai beaucoup de respect pour ton parcours.
Je suis préoccupée surtout de te lire t'en rajouter encore sur la tête en te disant qu'il faudrait que tu sois "parfaite" selon certaines idées un peu toutes faites à mon sens qui sont beaucoup véhiculées et qui ne font pas de bien aux gens parce que ça marche sur leurs émotions et leurs sentiments authentiques. Et puis les choses peuvent être déformées aussi. Vivre dans le présent, la présence, ce n'est pas repousser des choses, parfois dans le présent on est inquiet de demain, c'est ça notre présent, notre réalité là qui se vit, et l'écouter telle quelle, être présent à ça, c'est ce qui nous permet d'être présent. Quand on se détourne de ce qui est maintenant, pour la raison de ce qu'on imagine être "vivre dans le présent", ben.... on n'y est pas. Ce n'est pas non plus très grave, et là encore c'est pas une raison pour se flageller, parce qu'on peut recommencer à essayer, simplement, doucement, et sans autoritarisme intérieur.
Desfois dans ce qui se passe il faut beaucoup de force parce que c'est difficile et on n'a pas besoin de jugements en plus par dessus la tête. On ne comprend pas toujours pourquoi la réponse émotionnelle en nous est aussi intense, aussi difficile, dans certaines situations, mais elle l'est parfois, on voudrait que non, mais c'est le cas, il faut donc du soutien de l'empathie pour soi, des ressources. Reconnaître ce qui est en est une, mobiliser de l'aide en est une autre, toutes les aides possibles.
Je t'embrasse
Melodierose