Hello Sab,
question toute bête
.....le fait que tu aies peur par rapport à une violence de ton père pourrait être lié à cette absence de punition lors du vol ?.... tu parles d’enferment ….. le vol est punissable et peut priver de liberté…..
Pour toi, il y aurait dû avoir une solide réaction… une punition à la hauteur de cet acte … mais au fond, pour toi quelle aurait été cette punition ? quelle punition aurait été juste, à la hauteur de cet acte ?et hormis le fait de vouloir des BD…. Y avait il un autre sens à ce vol ? t’entendais tu bien avec cette jeune fille au pair ?
il y a peut-être quelque part en toi, le fait que cette colère ou quelque chose de cet ordre…un reproche par exemple…. pourrait éclater à n'importe quel moment et faire ressurgir certaines émotions ? Ce qui soulignerait le côté imprévisible, insécurisant de votre relation….. peut-être attends-tu toujours une réaction de sa part attestant que ce que tu as fait était incorrect (le rôle du père étant aussi de mettre des limites et d’introduire la notion du bien et du mal..) et qu’il le reconnaisse comme tel… parfois le silence est plus destructeur qu’une punition à la hauteur… car il y a du non dit et donc des interprétations à n’en plus finir ? as-tu eu le sentiment d’avoir déçu ton père ?
Peut-être es tu occupée à te punir toi-même… ? une sorte d’auto-punition….
Oui, j'ai pensé aussi à tout ce que tu as écrit là. Ca me parait très possible, car j'ai bien senti que dans ma tête, en revivant l'événement, il y avait comme un truc qui s'était bloqué, mise en position stop, sans doute jusqu'à ce que la "punition" en question me soit enfin donnée, et que je puisse me remettre en mode Play.
Ceci m'expliquerait aussi la Justice à l'envers qui sort parfois à répétition dans mes tirages, comme un rappel du passé qui veut être entendu.
Au niveau de la punition, je ne sais pas vraiment en fait, et peut-être que j'ai été punie d'ailleurs.
Mais ce qui a été terrible, c'est que mon père n'était pas là, puisque mes parents étaient séparés déjà, et que la seule chose qu'il m'ait dite c'est cette phrase, et je ne me souviens d'aucun mot ni d'engueulade ni de réconfort, rien, seulement quelque chose de froid, de plat, de moral et terriblement sérieux.
Tu sais, Sab, je suis en train de me rendre compte que tout bêtement, je crois que desfois j'aurais aimé voir mon père se dégeler et péter un cable, ou bien se mettre à rire aux éclats. Je ne l'ai jamais vu faire ça, jamais.
J'ai l'impression que c'est un cercueil ambulant sur pattes, tellement il est sérieux et sévère. Et en plus il m'en a refilé une partie, avec laquelle je "lutte" depuis des années, pour prendre les choses avec plus d'humour, de légèreté etc...
Bref, cette histoire de vol fait remonter à la fois cette histoire de punition, de justice peut-être "pas rendue" ? , et puis aussi de ce silence glacial de mon père qui a environné à peu près toute ma vie.
Et aujourd'hui, c'est encore ça, puisque depuis mon dernier mail, qui chez une personne je sais pas.. normale, humaine, aurait pu, dû ? déclencher au moins une réaction, quitte à ce que ça soit de la colère ou de m'envoyer ch...
Mais là rien, la mort.
Y'a pas longtemps, j'ai eu le sentiment soudain que mon père était "mort", et j'ai crû que c'était lié à un détachement de moi vis à vis de lui. Mais je crois pas en fait, je crois que ce que j'exprimais comme ça c'est le fait que tout simplement je ne l'ai jamais senti vivant, et donc pour moi il est comme son silence, c'est à dire mort, noir, une grosse absence terriblement présente en même temps.
tu parles beaucoup de ton papa... mais et ta maman dans tout cela? dans tes 2 derniers tirages, on peut voir la papesse à l'envers…. Elle a l’air effacée….désemparée… solutionnée par la maison de Dieu.....on a presque la 2ème colonne…. Il ne manque que l’hermite….l’expérience ?…. le recul ?….le détachement ? la sagesse ? l'isolement? on dirait qu’elle n’a pas pu…su…voulu ? se dévoiler à toi, par manque de discernement ? de foi ? comme elle aurait peut-être pu, su, voulu le faire…. Comme si elle avait été façonnée à l’image de quelqu’un d’autre laissant très peu de place à l’expression de la personne qu’elle était..est vraiment… ? ce qui peut aussi entraîner toutes de sortes de maladresse....
Je vais y revenir après je crois parce que là sinon je vais m'emmêler les pinceaux
Je finis déjà la réponse que j'avais laissée en suspens sur le reste de vos réponses précédentes à Shalom et à toi.
comment s'est passée la séparation de tes parents? ta réaction par rapport à ta maman? ton papa? ta BM?
La séparation, pour ce qui me concerne, s'est mal passé. Ce qui est un peu logique en même temps...
J'avais 8 ans.
Dans les grandes lignes, j'ai particulièrement mal vécu deux choses.
Le fait que mes parents m'ont annoncé qu'ils se séparaient en plein mariage de mon oncle et ma tante pendant les vacances d'été, donc avec mission de ne pas en parler pour ne pas gâcher la fête.
(Ohhhhh la belle colère qui est en train de remonter au moment où j'écris ça..... je me suis faite museler, ni plus ni moins, pour des foutues histoires de convenances sociales et familiales).
La deuxième chose, qui est plus apaisée maintenant pour moi, c'est le fait que mes parents m'ont annoncé leur séparation, mais pas leur divorce, et moi dans ma tête de petite fille, j'ai compris que c'était temporaire. Or, bien sur ça ne l'était pas, c'était déjà définitif à c emoment-là, mais ils ne m'ont rien dit et pendant plus d'un an, j'attendais que mon père revienne bientôt à la maison.
Jusqu'au jour où j'ai fini par poser la question et où ma mère m'a dit qu'elle était en train de finir les papiers du divorce.
Bon après... ça a été la dégringolade pendant plusieurs années en fait.
Mais là si je te raconte tout on en a pour 10 pages.
En résumé, mon père était déjà avec ma BM, ma première soeur est née assez rapidement, j'avais 10 ans.
Ma mère s'est mise avec un gars gentil d'abord, malheureusement ils se sont quittés, après ça elle s'est mise avec mon fou furieux de BP (heureusement ajd un peu calmé). Et là on a commencé à déménager sans arrêt. Et moi à perdre tous mes repères.
En 4 ans de collège, j'ai vécu à 5 endroits différents.
J'ai réussi ensuite à faire mon lycée les trois ans dans le même, c'était un vrai miracle pour moi.
Pourquoi penses-tu qu'il te mettrait des bâtons dans les roues et qu'il lui serait impossible de te laisser tranquille?
et au fond as tu réellement envie qu'il te laisse tranquille?... il y a comme une sorte de lien dont on voudrait bien se délier mais en même temps dont il est impossible de se défaire....déjà rien par le lien biologique... il est ton père et quoi qu'il arrive il le restera....
Je ne sais pas, c'est comme si j'étais (dit mon mental en tout cas), sa "chose", et que quoi que je fasse, aussi fort que je me débatte, il essayerait toujours de garder ce pouvoir sur moi, parce que ça lui donne aussi son statut à lui.
Mon père, dans son statut social, dans son identité, dans ce qu'il présente au monde, il y a son rôle de père notamment qui est très très important.
Il est quelqu'un qui a réussi socialement et professionnellement
Il est un homme qui a une belle femme attirante mais aussi une bonne mère qui a le sens de la famille.
Il est un homme qui a 4 enfants.
etc etc...
Tu vois, je fais partie du tableau de chasse
Je sais que c'est dur la façon dont je parle de lui, mais bon pour l'instant ça sort comme ça, ça me permettra de trier.
Oui j'aimerais réellement qu'il me "laisse tranquille", dans le sens qu'il abandonne tout cet ancien positionnement vis à vis de moi. Mais j'ai bien conscience en même temps que demander ça c'est comme lui demander à lui de faire un travail perso pour abandonner ses propres schémas et croyances, et ça ben... c'est pas à moi de le faire, il est assez grand pour se prendre en main lui-même s'il le souhaite.
C'est pas le lien que je veux couper et je sais bien qu'il est mon père biologique.
C'est le mensonge et la tricherie qu'il ya dans cette relation dont je ne veux plus, et cette façon de tirer les ficelles soit par la présence et les mots, soit par l'absence et le silence.
J'ai essayé moi de lui renvoyer du silence pour qu'il voie ce que ça peut faire, mais c'est un coup d'épée dans l'eau, il est bien plus doué que moi à ce jeu-là, il a 50 ans de pratique derrière lui.
le père représente l'autorité qui aide l'enfant à trouver sa structure, il l'initie aux lois de la société en dehors du cadre familial....pourquoi penses tu qu'il pourrait en abuser?..... aurait à un moment donné de ta vie abuser de ta confiance? aurait-il abuser de son autorité... de son pouvoir?
Oui, abus de confiance et abus de pouvoir, c'est du moins comme ça que je le ressens pour l'instant.
Par contre je suis pas dupe non plus, dans ce sentiment, il y a en partie des choses qui appartiennent à ma mère.
y a t'il dans tes peurs, quelque chose que la situation ... que la relation entre toi et ton père permettrait de maintenir? peut-être avais tu un idéal par rapport à la relation père-fille et que cette crainte d'envahissement.... ne serait qu' "un prétexte" "un excuse" qui servirait de camouflage à une difficulté à y renoncer... à t'en détacher ?
Je suis pas sûre d'avoir compris, tu peux me repréciser ce que tu voulais me dire dans ces questions-là ?
dis moi qu'as tu répondu à ton père lorsqu'il t'a demandé de suivre ta BM comme modèle?
J'ai répondu Amen.
J'avais tellement besoin de mon père à cette époque-là que je crois qu'il aurait pu me dire d'aller m'habiller en Marie couche-toi-là je l'aurais fait sans même me rendre compte de l'énormité du truc, juste parce qu'il me l'avait dit.
j'ai l'impression qu'il y a eu à ce moment là... un enferment de quelque chose.... quelque chose qu'il a fallu protéger.... quelque chose a dû te déstabiliser... et être refoulé...et à laquelle il ne fallait surtout pas toucher?
Oui à ce moment-là, mais pas que celui-là, plein de moments comme ça dans mon enfance, je me suis reniée à chaque fois un peu plus pour laisser la voix de mon père décider de tout en moi et pour moi.
Mon âme s'est recroquevillée à l'intérieur de moi et petit à petit s'est tue, ce chant que j'entendais au loin quand j'étais plus petite, a définitivement été noyé par le grondement de la voix grave et pénétrante de mon enf.. de père (pardon
je suis pas souvent grossière mais là ça vient tout seul
).
Après, oui, je sais, on ne peut pas rendre les autres responsables de tout, et au jour d'aujourd'hui bien sur que moi je fais tout pour me libérer de ça, pour en prendre la responsabilité.
Reste la faille qui a été ouverte dans mon enfance et qui met beaucoup de temps à se refermer.
et avec ta maman, comment ça se passe au niveau communication?
Très bien, dans la mesure où tout passe au-delà des mots.
On a plus ou moins lâché l'affaire, ma mère et moi, en tout cas pour l'instant, de dialoguer beaucoup.
Elle a une vie bien remplie, et moi aussi, et nous ne trouvons pas toujours les mots pour parler.
Mais l'amour est là, indéboulonnable depuis toujours, les blessures ont été guéries, et juste être ensemble nous suffit, je crois, en tout cas je peux parler seulement pour moi.
la communication entre toi et lui ne semble pas aisée... comme si vous ne parliez pas le même langage....
Oui ça c'est très clair, on ne parle pas le même langage... enfin on ne le parle plus, puisque moi j'ai abandonné le sien pour petit à petit construire le mien, relié au niveau du coeur.
Et si malgré tout, sous la cuirasse de l'égo, se cachait encore l'espoir de cette petite fille.... l'espoir d'exister dans le regard de son père....?
Non c'est pas vraiment le problème, je sais que j'existe, je sais qu'il est fier de moi, je sais que, je sais que...
Mais tout ça ne réduit pas la faille, ni en moi, ni entre lui et moi.
Ce qui me manque, c'est le lien, ce lien profond qui se passe de mots.
Je l'avais, puis je l'ai perdu.
Je le sentais à une époque au niveau du ventre, et maintenant j eme demande si c'était vraiment en ordre que je sois reliée à mon père par le ventre.
C'était probablement lié à tous ces machins ambigus qu'il y avait et qui maintenant ont été coupés et nettoyés.
Mais du coup, l'ancien lien a été coupé, et je suis dans le "vide", je n'ai plus la connection avec lui.
Bon ceci dit j'ai bon espoir, avec ma mère ça m'a fait ça aussi à un moment, perte de connection, puis une autre connection très profonde qui s'est recréée.
Bisous
Maïna
Outche j'ai encore écrit une tartine