Bonjour à vous,
tout d'abord merci. Merci pour votre analyse fine et bienveillante.
Malgré mon long silence de deux mois, je tenais à vous donner des nouvelles.
Si je me suis tu, c'est dans un premier temps car ma soeur refusait de communiquer avec moi malgré mes appels quasi quotidiens. Se fut long, angoissant et éprouvant. Et puis, j'ai arrêté de l'appeler, de lui écrire. J'avais le sentiment qu'elle reviendrait vers moi. Le jour, je délirais en scénarios catastrophiques, la nuit, j'étais assaillie par des cauchemars , les mots du Promeneur ont été d'un grand réconfort pour, tout en étant loin et coupée de ma soeur, tenter de comprendre où elle en était.
ET, il y a deux semaines elle m'a appelé. Elle voulait me raconter, m'expliquer où elle en était. ça n'allait pas du tout, en larmes, coupable et désespérée, elle était dans le constat d'échec de sa vie. Nous avons longuement parlé ; parler simplement, comme on pousse une porte.
Nous sommes à nouveau en contacte, proches bien que lointaines.
Son boulot la pèse. Elle est dorénavant en arrêt longue durée, sa cadre l'y ayant contrainte. Elle m'a demandé des conseils pour des formations dans le secteur agricole, car j'essaie aussi une reconversion professionnelle dans ce secteur. Cela fait deux ans qu'elle me parle de la culture du safran. Je trouve cette idée très belle. C'est un changement radical, certes, et à cause de cela, je sens qu'au fond d'elle elle craint de confondre le fantasme et le projet professionnel. J'ai tenté de la rassurer, mais j'ai l'impression que c'est ce sentiment qui peut l’empêcher d'avancer.
Elle a donc entrepris les démarches pour se libérer de la drogue. Hélas, les services sont surchargés et elle devra attendre quelques semaine voire plusieurs mois avant une prise en charge totale. Les personnes dépendantes à l'héroïne depuis plusieurs années sont nombreuses. Mais ma sœur se sent dans l'urgence. J'ai peur que cette attente soit profitable à ses comportements addictifs plus qu'à tout élaboration de projet. C'est pourquoi je me demande si une HDT (hospitalisation sur la demande d'un tiers) ne serait mieux pour pallier à ce défaut de délai. De plus, j'ai le sentiment que ma soeur ne veut plus avoir le choix. J'ai l'impression que la marche de manœuvre qu'elle peut encore avoir sur la drogue l'effraie.
La solution pourrait également être de partir en woofing (accueil chez le paysan en échange quelques heures de travail par jour) afin de découvrir la culture du safran ou autres en attendant un suivi au centre d'addictologie de son département.
Je ne sais pas si faire un tirage pour ma soeur, à propos de la gestion de ce délai est utile ou non. Qu'en pensez vous?
J'aimerai avoir les idées plus claires, plus affirmées, pour pouvoir lui dire de ne pas s'inquiéter.
Mais moi aussi j'ai peur, peur de ce que cette attente peut engendrer comme démons alors qu'elle est en train d'entreprendre les démarches. J'ai peur alors que je ne souhaite qu'une chose, lui donner mon entière confiance.
Je souhaite encore vous remercier pour ce dialogue.
Demain les lianes.