Bonjour Zinawane,
Merci beaucoup pour toutes ces pistes, beaucoup d'entre elles me parlent.
A commencer par ta première remarque :
zinawane a écrit:d'une part que oui tu as l'air assez seule, fatiguée, et surmenée dans les idées
ne voyant pas le bout des épreuves -?
En effet je me sens très seule, fatiguée, et je n'arrive plus à mettre mes idées en place, du coup je perds pied et confiance. Je me dis que je devrais me ménager, en faire moins pour faire mieux. Malheureusement je suis pressée par le temps maintenant, je passerais sur les détails, mais je dois rendre mon travail dans deux mois, et il n'y a pas de négociation possible donc je DOIS y arriver.
zinawane a écrit:- le compagnon ici n'est d'aucun soutien ni secours, je dis pas ça méchamment contre lui mais visiblement il est trop mal lui même pour t'être porteur
donc l'aide ne viendra pas de lui et m^me involontairement ça posture à lui tire vers le bas
En effet mon compagnon n'est d'aucun secours. Une partie de moi lui en veut, mais ça n'a rien à voir avec ses sentiments, il fait tout ce qu'il peut pour m'aider, mais il ne peut pas faire ce travail à ma place. Notre situation est difficile et ma thèse prend en quelque sorte tout l'espace... On peut dire que ma posture le tire également vers le bas, par moment je me dis qu'on ne se fait mutuellement du mal à mettre en stand-by nos projets communs, mais malgré tout, on est les seuls à se comprendre. Lui-même se bat avec ses propres démons, sa propre crise existentielle (il a, tout comme moi, eu des difficultés dans son dernier travail, et a développé une forme de phobie sociale liée au travail, mais son métier lui manque terriblement). Je sais que je ne peux pas lui demander plus qu'il ne peut faire lui même.
Donc du repos oui, en effet, j'en ai besoin... Surtout que je travaille énormément... mais gratuitement en quelque sorte (la thèse n'est pas un simple examen, c'est un exercice de recherche original... A ce titre je ne fais ni plus ni moins que la même chose que n'importe quel chercheur, sauf que je n'ai pas franchi l'épreuve symbolique de la thèse. Par conséquent je n'ai pas de statut, je dois payer moi-même tous les frais pour aller présenter mon travail en séminaire ou en colloque alors que je suis au RSA et qu'une simple faute administrative m'a coupé mon RSA il y a deux mois). C'est une boucle infernale en quelque sorte... Le diable me fait penser à ça, à toutes ces chaines qui me relient... le rendu du travail final au commanditaire de l'étude que je fais, les attentes du milieu de la recherche, la dépendance et la soumission dus à mon statut de "doctorante", la dépendance à l'administration (RSA, Pole Emploi), la dépendance à ma famille (qui m'accueille de manière bienveillante parce qu'ils croient en moi et en mon travail), l'enfermement de ma relation dans cette situation... Et la peur de cet "être difforme", ce "monstre" au sens littéral qui me maintient dans la souffrance... Le pendu en bout de ligne m'indique qu'au fond la situation ne dépend que de moi... Le pendu est toujours libre de se détacher, on dit que ce n'est pas parce qu'il a les mains dans le dos qu'elles ne sont pas libres... Mais cette idée que je suis toujours seule, et maitresse de mes décisions m'effraie et m'attache aussi. C'est une pression énorme que je met sur mes épaules.
zinawane a écrit:ton burn out a t il été pris en main, c'est à dire ya t il eu un suivi médical et psy pour t'aider et t'accompagner à remonter la pente ?
ce burn out est il précisément écrit sur un papier médical à l'issue d'une consultation,
ou bien est ce toi qui dit brun out et que tu as "fait avec" jusqu'ici ?
Pour ce qui est du burn out, c'est un auto-diagnostic que j'ai fais. Quand je suis rentrée chez mes parents, j'ai arrêté de travailler sur ma thèse pendant des semaines, je me sentais abandonnée, lessivée, et nulle. J'avais perdu l'envie. Une amie a mis le mot "burn out" sur ce que je vivais. J'ai remonté la pente comme j'ai pu, mon compagnon m'a prise par la main et m'a emmenée prendre l'air, on a pris du temps pour nous. Mais je n'arrivais pas à lâcher prise vraiment. Je me suis motivée pour me remettre au travail, mais j'ai régulièrement des "rechutes" et une perte de motivation. Du coup non, je n'ai pas vu de médecin ni de psy. Ce n'est pas faute d'en avoir envie, ou même besoin, je n'en ai pas les moyens tout simplement.
zinawane a écrit:- tu dis que ton directeur de thèse ne t'aide pas, mais serait il possible de lui faire savoir que tu as "besoin" d'aide
c'est à dire lui en faire la demande explicite
J'ai essayé de lui faire de demandes, mais je crois que je m'y prends assez mal. Concrètement je crois qu'il est trop absorbé par son travail lui-même. On se voit régulièrement, mais ce qu'il me dit ne m'aide pas vraiment, ses encouragements ne suffisent pas à me motiver pour me mettre au travail.
zinawane a écrit:- au cas ou ton père t'aide t il, ne serait ce que moralement et/ou a t il des relations ? susceptibles de t'aider
Mon père est un soutien moral important et un soutien financier (puisque j'habite chez mes parents) mais il est plutôt maladroit et, faisant un métier manuel, il se considère comme éloigné de ce que je fais...
zinawane a écrit:- le soleil peut suggérer en solution de trouver un partenaire, de former une équipe
donc ya t il parmi les personnes chercheuse comme toi quelqu'un avec qui envisager un partenariat, ou tu du moins des rencontres pour partager et te rebooster sur cette thèse
Je travaille actuellement sur un article avec un collègue, peut-être que je devrais m'appuyer sur ce partenariat en effet pour tester la solidité de mes raisonnements théoriques (point sur lequel je bute actuellement).
zinawane a écrit:en fait j'ai envie de te dire que tu n'es ni incapable ni coupable, car le tirage laisse entendre que peut être tu te juges
est ce que tu y crois encore à cette thèse ou bien est ce que tu en arrives à douter ?
Oui je me juge beaucoup... En l'occurrence je me sens incapable et coupable, mais je sais que ce sont des jugements que je m’appose toute seule. Je m'en rends compte dans la mesure où je suis sans cesse dans la justification de ce que je fais quand je parle de ma situation à des personnes extérieures... Tout le monde me croit, voire me sait, capable de faire ce travail. Mais je n'y arrive pas, alors j'ai honte, et je m'impute la responsabilité de ma situation.
zinawane a écrit:ta mère va bien ou pas facile pour elle non plus ? y a t il une sorte de dépression chronique la concernant ?
Ma mère a été malade il y a quelques années, maintenant ça va mieux mais on peut dire qu'elle porte à bout de bras toute la famille (mes frères sont aussi dans une situation difficile). Je pense qu'elle aurait besoin de repos... et qu'on prenne notre envol.
Du coup pour éclaircir la situation, j'ai posé trois questions supplémentaires :
Puis-je m'appuyer sur mon partenariat avec J. ( mon collègue) pour avancer dans ma thèse ?
Dois-je faire une pause ?
Vers qui dois-je me tourner pour demander de l'aide ?
Merci beaucoup Zinawane pour ton temps et ta lecture.