Cher Promeneur,
Tu es mon héraut
!
À la première lecture/découverte de ta conversation avec Sisi, j'ai été très touchée par le fait que tu t'inquiètes/languisses un peu de moi.
Et qu'y vois-je hier? Tu as transmis à Sisi le message que je n'osais poster.
Mais encore une fois j'ai peur de casser votre complicité en intervenant au milieu de votre conversation...Il s'agirait de conseils purement "pratiques" pour me défaire de mes nœuds, favoriser mes déblocages (Sisi, si tu es dans le coin, je serai ravie que tu me donnes quelques tuyaux).
Sinon, re-traversée du désert. Je me sens à nouveau perdue dans le vide, ou plutôt le chaos. Tout se passe comme si je cherchais une clef partout alors que je l'ai dans la main. Vous (toi, Eirelle, et Sisi) m'avez remis cette clef; je sais qu'elle est là, mais j'ignore où exactement et comment l'utiliser.
Je me suis rendu compte il y a peu que je n'ai jamais été joyeuse.
Il y a eu des instants éclairs, certes, mais ils se comptent sur les doigts de la main.
Le seul moment de joie qui vaille l'honneur de ce nom est lorsque j'ai trouvé la foi. J'étais insensément joyeuse, et mes yeux voyaient d'intenses couleurs chatoyantes.
Heureuse? n'en parlons même pas! Depuis quelques années, j'arrive à me maintenir dans une sorte d'état neutre. Cette quiétude, quoique instable, me donne foi en la possible amélioration de mon état. Mais en même temps, j'ai le sentiment qu'elle anesthésie mon inventivité. Les histoires et les personnages qui m'intéressent ne laissent pas de devenir... ennuyeux...pour le tout commun.
Les figures d'ermites, d'errants, d'éthérés qui n'ont plus rien à perdre, ou ont acquis un équilibre sont ce qu'il y a de plus anti-dramatiques.
Je me rends compte que mes personnages me ressemblent: ils ne veulent/peuvent pas s'incarner (dans un corps, dans une action: et par conséquent engendrer des conflits, et une suite de péripéties).
Je les veux plus avancés que moi, et du coup, ils rament dans un océan de banalités. Je me sens stérile, sans idées, impersonnelle.
Cela étant dit, je reviens à mon propos: là j'en suis à vouloir la paix (de l'âme), loin du stade supérieur qu'est la joie; puis le suivant: le bonheur...
Es-tu heureux Promeneur? Et vous Eirelle (si vous êtes toujours lectrice de cette conversation)?
Si oui, pourriez-vous me décrire ce qu'est la joie; et ce qu'est l'état "d'heur"?
Comment y êtes vous parvenus? Avez-vous dû revoir vos utopies? Évidemment, ne répondez que si vous le souhaitez.
Pour les rêves; j'ai un peu baissé la garde, et du coup le gros trou noir du petit matin se re-niche peu à peu dans mon petit crâne.
Mais je me suis rappelée aujourd'hui au réveil ceci:
Mon père me montre son testament et m'explique qu'il va nous déshériter pour léguer tous ses biens à des causes caritatives. Je suis éblouie de joie (tiens, c'est vrai ça, c'était vraiment un sentiment fort de joie).
Ma réaction mêle en toute sincérité la joie, l'amour, la re-connaissance.
Mon père qui tout sa vie durant n'a eu de cesse de répéter "je suis comme ça, je ne changerai pas" a enfin laissé entrer le bon vent du changement dans sa vie. Depuis un an, notre relation est à l'image du Jugement: une seconde chance, une re-naissance. Depuis que je l'ai pardonné (et après cette conversation, je pense que je l'ai assurément fait), c'est comme si je l'avais libéré d'un rôle - le Grand méchant homme- qu'il était contraint de jouer. Certes il a été odieux et terrible. Certes, il est encore instable psychologiquement.
Mais ce que je lui découvre, et que je me suis toujours interdite d'admettre, c'est qu'il a un cœur. Et de plus en plus: du cœur.
Les biens qu'il ne nous lègue pas: c'est comme si il décidait de nous épargner. C'est comme s'il décidait de ne pas nous transmettre la poubelle génétique des ancêtres, mais aussi la discorde.
J'ai relu notre conversation, or justement Promeneur à moment donné tu dis ceci en me citant:
"Il faut à un moment tourner la page sans qu'il ai eu de coupables jugés, et de victimes dédommagées
je veux briser cette sorte fatalité" (mes propos)
Ca je vais peut être revenir dessus .. spécialement .. Parce que ca mériterait à lui seul tout un chapitre, parce que plus facile à dire qu'à faire .. surtout lorsque ca a touché des enfants .. Non je ne crois pas cela possible et est ce que ce serait bon d'ailleurs ? tout crime doit ^^etre châtié.. toute faute punie , sinon ca fait des victimes des coupables à mon sens .. ?"
Peux-tu m'en dire davantage? À l'aune de mon rêve, je crois que c'est le moment opportun pour parler de pardon. Eirelle, vous aussi vous avez évoqué le pardon, mais je crois en des termes plus mystiques. Si vous êtes là pourriez-vous partager votre point de vue?
Pour moi, le pardon est le renoncement/acceptation. S'il amène à suspendre toute volonté d'auto-justice, il s'accompagne tout de même de la foi en la justice, dirai-je: divine.
Après quoi, tu m'a proposé d'approfondir certains point Promeneur. Je suis maintenant toute encline à y revenir puisqu'ils correspondent exactement aux re-questionnements du jour et de la veille.
Encore une fois tu me cites et puis tu commentes:
"4 e passage :
"Je ne créé plus rien, ne pense plus, et mes démons reviennent me bouffer de toutes parts" pourquoi la création est-t-elle bloquée .. et ces démons ne sont ils pas en quelque sorte une création ?
5e passage :
"je fonce avec fougue toujours vers le précipice du doute. Je suis l'orgueil et l'humilité tout à la fois. Je sens un potentiel fou en moi, et je me condamne à la stérilité. Crois-moi, j'ai peur de briller." pourquoi cette peur de briller enfin ? d'accepter de le faire ? peur de quoi ?"
À tes questions, je ne peux répondre. Par contre, si tu pouvais expliciter "et ces démons ne sont ils pas en quelque sorte une création ?"?
Et plus tôt tu me dis ceci: mais je ne sais qu'en faire. Tout est juste, indiscutable, mais: COMMENT FAIRE?
"Oui, tu n'arrives pas à concrétiser ta réussite .. et je vais t'expliquer pourquoi ..
Tout est une question de confiance, de responsabilité, d'ambition courronnée de succès ... mais à une seule condition ..
Retrouver ton unicité .. et abandonner ton identification au rôle de victime pour retrouver ton identification propre à toi même.. Sortir de cette dualité qui est en toi .. génétiquement présente..
Le Chariot : c'est la dualité .. toujours et encore cette habitude en toi, tu sais triompher de toutes les épreuves , mais tu ne sais pas trouver ta maîtrise sans cette dualité ..
(…)
Maintenant l'Empereur :
L'empereur c'est la sécurité et toi tu ne te sens pas encore en sécurité.. la dualité est toujours en toi .. Tu agis encore en . victime.. Mais plus personne ne peut aujourd'hui t'obliger à faire ce que tu ne veux plus faire ! Tu peux penser, agir , réussir par toi même .. comme ca t'arrange toi , en croyant ce que tu veux toi ..
Tu es INVINCIBLE (l'empereur a un bouclier d'ailleurs, qui le protège de tout)aujourd'hui tu n'as plus à t'attarder dans les conflits familiaux (qui d'ailleurs sont très représentatifs de l'annorexie et la boulimie)
Tu dois retrouver ta paix intérieure .. tu n'es plus en guerre avec les deux côtés (père-mère) tes deux côtés à toi (imaginaires)
Tu dois retrouver TON AXE .. te placer au centre et être NEUTRE .. et donc te retrouver en empereur qui concrétise.. "
Dernière chose, devant l'écrasante somme de messages que tu as postés depuis le 13 mars 2010, cher Promeneur, j'ai fait le calcul de la moyenne de messages que tu postes par jour: environ deux par jour (!!!) (2, 026....)
S'il est vrai qu'on reconnaît l'arbre sain à ses fruits (quantité et qualité), alors Promeneur, tu es l'arbre sacré de ce bois
!
Mille bises