"LE GORILLE" D'ALEJANDRO ET BRONTIS JODOROWSKY

Alejandro Jodorowsky et Philippe Camoin ont travaillé ensemble à la reconstruction du Tarot et ont mélangé leur Connaissance. Une nouvel vision du Tarot est née...
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"LE GORILLE" D'ALEJANDRO ET BRONTIS JODOROWSKY

Notapor Le Majordome » Fri Sep 10, 2010 12:23 pm

Soyez nombreux à aller voir cette pièce de théatre !!! :D

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"LE GORILLE"
d'après Franz Kafka
Un spectacle d'Alejandro et Brontis Jodorowsky
À partir du 29 septembre 2010
du mardi au samedi à 18:30
Au Lucernaire, 53 rue Notre-Dame des Champs Paris XIVe.
Resa: 01 45 44 57 34
http://www.lucernaire.fr/beta1/index.php?option=com_content&task=view&id=628&Itemid=56

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Brontis Jodorowsky
Quand Alejandro m’a proposé de jouer LE GORILLE, j’ai d’abord hésité : « Je ne fais pas du théâtre pour être seul en scène... » Mais sa foi en ce projet et le souvenir du bel l’accord artistique que nous avons eu lors de nos deux précédentes collaborations (Opéra panique – MC 93 et Italie – et Un rêve sans fin – joué en Italie et au Mexique) m’ont persuadé de faire un saut dans l’inconnu.

Pendant mes sept années au sein du Théâtre du Soleil, j’ai souvent entendu Ariane Mnouchkine nous rappeler que « jouer, c’est mettre en forme des passions » et nous faisions beaucoup d’improvisations en musique avant d’aborder le texte. Au début de ma formation d’acteur, les intenses heures de travail avec Riszard Cieslak étaient consacrées à l’éveil du corps comme véhicule de l’imaginaire intime. Sans la précision du corps, le texte n’avait que peu d’intérêt. Et plus tôt encore, dans mon enfance, Alejandro m’enseignait les rudiments du mime, cet art silencieux qui fait voir l’invisible et qu’il avait lui même appris auprès d’Etienne Decroux et Marcel Marceau.

Ce GORILLE s’est révélé être le carrefour où ces explorations se croisaient, au service d’un texte que nous trouvions à la fois drôle et bouleversant ; l’histoire, similaire à celle d’un acteur, d’un être qui peu à peu acquiert la parole et grâce à celle-ci trouve le chemin de sa liberté.

On connaît la relation ambigüe que Kafka avait avec son père. On sait moins que parmi ses premiers textes se trouvent de courtes pièces de théâtre, représentées en famille. J’aime imaginer que, près de cent ans plus tard, son texte porté au théâtre à été le cadre d’une relation père/fils apaisée, au service de l’art.


Brontis Jodorowsky / Juillet 2010

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Alejandro Jodorowsky
LE GORILLE ET NOUS
Dans ma jeunesse, quand semblable à une chrysalide dans son cocon, mon esprit se tordait en tous sens cherchant douloureusement à dépasser ses limites pour devenir un papillon invisible et infini, j’ai lu la nouvelle de Kafka « Rapport pour une académie ». Ces quelques pages m’ôtèrent tout espoir : je me sentis comme une graine stérile dans la terre. Ce n’est pas par hasard si la nouvelle semble inachevée : la chenille y pourrit sans jamais réussir à prendre son envol. C’est la triste histoire d’un singe capturé qui, afin d’éviter d’être exposé dans un zoo, entreprend la lourde tâche d’acquérir le langage humain, pour ainsi se glisser dans une société qui finit par l’ecraser. Sa seule réussite est d’être récompensée par une académie universitaire, qui ne le reconnaît pas en tant qu’âme consciente, mais admire plutôt chez lui la bête capable d’imiter le parler et l’attitude d’un homme moyen. Le gorille kafkaïen est une victime absolue. Tout comme les immigrés qui s’entassent dans des quartiers-ghettos, que l’on tolère et exploite dans des tâches méprisées, sans jamais les reconnaître en tant que concitoyens à part entière… Il m’a semblé que Kafka ne donnait pas à son singe l’opportunité de s’exprimer, de se révolter, de se réaliser dans la prise de conscience que le bonheur consiste à être ce que l’on est et non ce que les autres nous imposent d’être.
Partant donc du texte de Kafka, j’ai écrit un monologue théâtral qui montre l’éveil d’un esprit, d’abord primitif, ensuite vindicatif et pour finir accompli, c’est à dire conscient de l’inutilité de tout ce paraître qui nous éloigne de l’authenticité. D’une certaine manière, moi-même, enfant d’émigrés russo-juifs échoués au Chili, j’ai subi pendant mon enfance le rejet d’une société qui nous regardait comme différents, c’est à dire comme nocifs. L’effort de s’intégrer à un monde qui nous tolère mais nous méprise est terrible. C’est ce dont parle « Le gorille ».
Cette histoire me touchait de si près, que je n’ai pu la confier qu’à mon fils Brontis qui, bien que français par sa mère, est un éternel émigrant par son père : enfant je l’ai trimbalé d’un pays à l’autre, lui répétant sans cesse « ta patrie, ce sont tes souliers ». Personne ne peut interpréter comme lui ce singe, sans territoire, sans famille, sans amis, incarnant toujours un personnage devant un public qui n’applaudit en lui que le monstre inoffensif. Un père et un fils, peuvent-ils travailler en bonne entente ? Ce fut le cas. Nous nous sentions à ce point concernés par le sujet, que nous nous fondions l’un dans l’autre. Quand, dans les derniers jours de répétions, nous avons crée la scène où le singe se révolte enfin, nous nous sommes pris dans les bras pour pleurer en pensant à nos ancêtres, cette longue lignée de tristes mais vaillants gorilles.


Alejandro Jodorowsky, 22 février 2009.
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