por CATH » Wed May 30, 2012 9:36 pm
Oh Marie Madeleine, si tu savais comme tu as perçu ce que je ressens depuis si longtemps à propos de mon fils et qui n’est pas explicable en mots. Comment dire que j’ai recherché avec des moyens humains des solutions à des problèmes qui dépassaient l’humain, des problèmes qui tiennent à des énergies en vrac. Je ne sais pas si je me fais comprendre.
L’histoire est longue, je vais essayer de te la livrer en espérant ne pas abuser de ta patience. Elle est banale en apparence…..
Jeune femme, j’ai rencontré dans le cadre du travail un homme qui à l’époque était marié et de 20 ans de plus que moi, histoire banale en apparence.. . Après un temps d’amitié et de retenue, je l’ai aimé petit à petit, puis passionnément. J’ai cherché à le quitter en changeant de travail et de région car je culpabilisais de la situation et je pensais qu’elle n’aboutirait à rien de bon. Il a tout fait pour me ramener à lui, et il y est arrivé car je l’aimais.
Notre histoire s’est poursuivie, harmonieuse quoi que non officielle. J’ai eu une première grossesse que j’ai interrompue car il me disait que ce n’était pas le moment. Il m’a dit aussi « plus tard », il m’a dit qu’en aimant une jeune femme, le sujet de la maternité se poserait. Point.
Bien des mois plus tard, j’ai été de nouveau enceinte, malgré un moyen de contraception. Comme notre relation était idyllique, je lui ai annoncé avec un bonheur immense, sans douter un moment qu’il allait partager ce bonheur. Il n’a rien dit, nous avons continué à nous aimer avec le silence sur mon état. Puis un jour, dans une grande conversation, je lui ai dit que je garderais cet enfant, mais qu’il restait libre de son choix, rester ou partir.
4 mois après la conception de mon fils, il est parti en voyage professionnel en me disant qu’il allait prendre sa décision et que quoi qu’il décide, il serait toujours là pour cet enfant. Il est parti, 2 jours après il m’appelait et me disait de nous chercher un appartement. Voilà ce qui c’est passé à mon 4ème mois de grossesse
Il est revenu, nous nous sommes installés et pendant 3 ans, il a été un compagnon merveilleux et un père exemplaire et aimant.
Au bout de 3 ans, il m’a quitté dans le silence, il a vu encore quelquefois notre fils puis a cessé de la voir, en me disant que cela donnait des idées de maternité à sa nouvelle jeune compagne, qu’il ne voulait pas briser sa famille (3 grands enfants légitimes de son mariage). Pendant des années, comme il était médecin spécialiste et que mon fils était fragile (hasard ?) sur le domaine qu’il pratiquait, je l’ai fais suivre par son père, espérant sans cesse qu’il revienne vers son fils. Puis un jour, j’ai arrêté car j’ai réalisé que la situation papa-docteur était malsaine. Donc mon fils, à partir de ses 6 ans n’a plus du tout vu son père, qui habitait la même ville que lui et qu’il croisait par hasard sans un signe de sa part. Le jour de ses 18 ans, mon fils a fait la démarche de le contacter, ils se sont reconnus mais cela n'a pas abouti à une relation régulière.
Mon fils n’a pas été reconnu par son père et je me demande maintenant pourquoi à l’époque, je n’ai jamais pensé à cela, ce que je vivais en toute confiance me comblait. C’est ma mère qui a déclaré l’enfant à la mairie (anesthésiée que j’étais par la césarienne), le père de mon fils a assisté à mon accouchement et m’a accompagné sans retenue. Mais dans quel chemin étais-je pour ne pas ouvrir les yeux ? Pourquoi ma mère ne me les a pas ouverts ?
Mon fils a été un bébé incroyablement beau, vivace et attachant. Il a été un enfant intelligent, brillant à l ‘école, au collège, brillantissime dans le sport, entouré d’amis, adoré par sa famille. Et vers 14-15 ans, ce n’est pas un changement, c’est un effondrement, déscolarisation, mal être, cannabis, fréquentations aux antipodes de ce qu’il était avant, aux frontières de la délinquance. J’ai fait appel à tout, pédopsy, hypnotiseur, kinésiologue. Vers 17 ans, tout s’est apaisé. Et depuis, il essaie, il essaie de croquer la vie à pleines dents mais ses nœuds qu’il ne comprend pas (comment le pourrait-il) bloque toute l’énergie vitale, et si tu savais comme elle est immense cette énergie, plusieurs personnes initiées le lui ont dit, il est dans des addictions « maîtrisées » cependant (poker, tabac) dont il souffre et dont il essaie aussi de sortir mais quelque chose de plus fort que lui l’y maintient. Voilà l’histoire consciente.
En 1993, ma mère que j’adorais est morte, mon fils qu’elle adorait « comme la prunelle de ses yeux [u]avait 4 ans[/u], 5 ans après, j’ai perdu mon père et là, à partir de là, je n’ai plus eu aucun moteur de vie que mon fils.
J’ai compris que tout était de travers dans ma vie sans pouvoir l’expliquer.
J’ai suivie une psychothérapie pendant 10 ans et peux-tu recevoir que j’ai vécu pour ma mère, j’étais dans l’énergie de ma mère et tout a été construit pour elle, ma relation avec cet homme qui aurait été un époux parfait pour elle, la naissance de mon fils qui était lui et qui était moi, la recherche de la famille idéale dans laquelle j’ai entraîné cet homme malgré moi et malgré lui, le fils idéal qui est né avec des parents idéaux car je n’étais pas consciente que je construisais, ce n’était pas pour moi, mais pour réparer pour ma mère, réparer le couple de mes parents que j’ai toujours ressenti dans le désamour, réparer l’enfant que j’étais et qui a souffert sans le savoir depuis sa naissance. Quand ma mère est morte, tout s’est arrêté pour moi et j’étais dans la poursuite de la réparation pour mon fils sans savoir où la trouver.
J’ai pu mettre en mots tout cela pour moi et je suis un peu apaisée maintenant, je cherche simplement ma vie à moi.
Mais mon fils si jeune encore , comment peut-il remettre en place le poids de ce qu’il porte, de ce que je lui ai fait porter malgré moi. Si son père l’avait accompagné, il aurait pu contrebalancer ce qui venait de moi.
Voilà, ce que je ressens comme vrai et j’ai peur, si peur de ne pouvoir réparer ou que lui même ne puisse se réparer.
Voilà, Marie Madeleine, je ne pouvais pas faire plus court, et encore sans doute n’ai je pas tout dit.
Je ne sais pas si tu attendais autant de mots, si tu souhaitais autant de mots mais il fallait que je dise tout cela pour faire une histoire entière.
Je ne sais pas quel sera ton ressenti à la lecture de tout cela mais si tu savais comme je te remercie de m’avoir dit
ce que j’attendais, comme si ce qui « grouillait en moi » était traduit enfin.
Bien sûr, je souhaite te lire encore mais tu choisiras….
Du fond de mon âme, merci.
Cath