coucou
merci beaucoup à toutes les deux, tout ça me parle énormément.
j'essaye de répondre de façon plus détaillée :
hello Maïna,
toi même t'autorises tu aujourd'hui à ne pas tenir ta parole ?
Dans le premier tirage en solution je vois quelque chose qui me parait paradoxal 'réussir à tenir parole' ou son contraire 'se sentir libre par rapport à l'obligation de la parole donnée'.
J'ai vécu quelque chose de similaire, avec une rigidité dans l'attente que les autres tiennent parole et une forte obligation faite à moi même d'en faire autant, même quand, le premier moment d'enthousiasme passé, je m'apercevais que la contrainte était lourde. J'ai fini par prendre conscience que peu de gens tiennent parole, et par m'autoriser à remettre en question mes propres engagements, notamment en prenant conscience que ceux envers qui je les avais pris n'en demandaient pas tant.
En m'autorisant à être moins rigide j'ai autorisé les autres aussi et j'ai laché prise.
Etresoie
effectivement, je suis aussi exigeante avec moi qu'avec les autres sur la parole donnée, et même plus.
je passe plus facilement "à la trappe" une parole non tenue par quelqu'un, en faisant simplement une relativisation, une acceptation et une compréhension de l'autre, qu'une parole non tenue par moi-même.
ça se matérialise dans plein de choses, même anodines.
jusqu'à un certain point, je suis capable d'être très patiente dans l'attente de quelqu'un qui est en retard par exemple.
je comprends, je réfléchis, j'accepte ; jusqu'au moment quand même où j'en ai marre d'attendre et où je "juge" que bon, ça suffit, là je laisse tomber parce qu'il y a une limite.
en revanche, je ne suis moi-même jamais en retard, c'est un truc que je supporte pas, ça me crée un stress intérieur énorme.
tout comme le fait d'avoir dit à quelqu'un que j'allais faire quelque chose et de ne pas l'avoir encore fait.
maintenant la seule manière que je trouve de "tromper" ce processus, c'est de préciser quand je donne ma parole, par exemple, je dis : je vais le faire, mais pas tout de suite ; d'ici la semaine prochaine ça sera fait ; ou autres manières de ne pas créer une attente éventuelle chez l'autre, en étant le plus claire possible dans mes propos.
c'est un conseil qu'"on" m'a souvent donné, des personnes ou mes guides, d'apprendre à "me faire attendre", non pas dans le sens me faire désirer ou autre truc égocentrique, mais d'apprendre à être souple même avec mes propres engagements.
j'ai beaucoup de difficulté à le faire encore aujourd'hui.
je pense que ce truc est en partie lié à ce fonctionnement de l'enfance, où mon père exigeait beaucoup de moi, tout en lui-même ne respectant pas certains engagements.
j'ai intégré ce processus que l'autre a plus droit à des excuses que moi pour ses retards et manquements.
sauf que.... y'a un moment où ça fait saturation, parce que sentiment d'injustice finalement, qui revient, et là ça peut basculer dans l'extrême inverse : trop d'exigence.
c'est particulièrement prégnant avec les personnes qui me sont chères.
parce que là ça rejoint ce que dit tjrconfiante, sur l'amour, et l'inattention.
ce dont j'ai le plus souffert enfant, c'est l'inattention. non pas le manque d'amour (mes parents m'aimaient, m'aiment, je n'en ai jamais douté), mais le manque d'attention et de disponibilité de leur part.
en fait mon père fonctionne d'une drôle de manière, je le vois même avec mes frères et soeurs de son deuxième mariage.
jusqu'à un certan âge, il est très attentif, protecteur, très doux, et compréhensif.
puis, comme s'il "décidait" à un moment que c'est bon, le petit est grand maintenant, y'en a ras le bol de le materner, va falloir qu'il se prenne en charge un peu.
alors là apparait l'exigence, et elle remplace l'attention.
ses seules attentions sont des demandes, des exigences, de responsabilité, de maturité, etc etc....
il "oublie" semble-t-il que l'on ne passe pas aussi catégoriquement dans une autonomie complète, notamment sur le plan affectif.
que quand on est adolescent, et même jeune adulte, on a encore besoin, à petites doses, jusqu'à l'autonomie complète, de cette attention parentale.
en gros : tu as l'âge de raison, tu es grand maintenant, allez c'est bon, tu te débrouilles.
ma mère (pardon pour la tartine, ça me permet de mettre au clair aussi en moi...) a grosso modo fait la même chose mais pas pour les mêmes raisons je crois.
ma mère a été dédiée, dévouée à moi pendant 6 ans, elle s'est arrêtée de bosser à ma naissance, et n'a pas repris. c'était une maman au foyer, toute dévouée à son rôle.
puis le divorce, sa propre vie à reconstruire, son nouveau mari très exigent en attention, omniprésent pour ainsi dire, et je suis passée "au second plan".
si je retrace le fil conducteur de mon enfance, je perçois aujourd'hui que mes parents ont été extraordinaires pendant toute ma petite enfance, attentifs, présents ; et puis le divorce et d'autres choses ont créé une situation dans laquelle on m'a lâché la main trop tôt et trop brutalement, obligée de grandir trop vite, de mûrir trop vite, maintenant t'es grande, faut plus pleurnicher, faut plus demander qu'on s'occupe trop de toi.
comme si on m'avait lancé dans le vide pour apprendre à voler sans aide, et avec les ailes pas complètement opérationnelles.
autant dire que.... je me suis ramassée.
et quand j'ai exprimé que ça faisait mal de se ramasser, on m'a fait comprendre que j'étais désagréable, odieuse, capricieuse, une enfant gâtée en somme.
alors j'ai lutté pour ne plus rien demander, ne plus rien attendre.
mais l'injustice est restée dedans.
et les ailes ne se sont pas encore complètement "réparées"...
Bon le soleil dans le présent, me fait penser qu'il était très dans son présent, spontané, et cherchait la légèreté, simplifiait les choses peut-être en voulant communiquer par le rire.
Mais, cet excès de la recherche de l'insouciance, était peut-être du à ce qu'il est resté coincé dans l'idée de son échec sentimental, familial, qu'il aurait peut-être voulu que sa famille reste unie, comme ce qu'il pensait que cela devait être (md + jugement en solution). Et qu'il s'est donc lentement renfermé dans cette frustration, en mettant la faute peut-être sur les événements extérieurs, le manque de chance, la non-collaboration... résultat des courses, il part vers d'autres horizons lui permettant d'éviter de penser à cet échec, en se donnant dans le rire, l'instant présent, sans ne rien rechercher, ou demander d'autre que l'oubli dans les plaisirs de l'instant présent....
pas exactement, mon père est pas quelqu'un qui rit beaucoup en fait.
il a un côté "épicurien" si on veut, mais il est aussi assez "austère" quelque part.
en revanche la notion d'idéal est tout à fait juste je crois.
Je crois pour revenir à ton premier questionnement pour passer l'éponge, qu'il faut remettre le contexte, comprendre et accepter que personne, ni sa mère, ni son père, n'est parfait. Et que parmi tous les défauts il y a celui de ne pas tenir à sa parole....
oui je m'y essaye....
Ce que tu as appris de tout ça c'est l'importance donnée à la parole donnée...
l'importance... je ne sais pas. ce que j'ai appris surtout c'est que, chez un enfant, la parole donnée est comme un pilier sur lequel il s'appuie, et que ne pas la tenir équivaut à lui retirer le sol sous les pieds.
Pour les choses importantes, aucune flexibilité ne peut être apportée (je pense)
sais pas.... parce que j'ai appris dans le travail que j'ai fait sur moi que l'importance donnée à certaines choses est très relative aussi.
que ça dépend de nos filtres, et là encore, de notre histoire personnelle.
vis à vis de mes parents aujourd'hui, c'est très simple, la blessure d'avant est encore là et elle agit dans ma vie, c'est ça que je veux régler.
mais vis à vis d'eux, ça fait déjà un moment que j'ai mis en place le fonctionnement, qui marche très bien, de ne plus rien attendre, et de ne plus m'appuyer sur rien qu'ils puissent me donner.
la seule chose que j'entretiens soigneusement, c'est mon amour et ma tendresse pour eux, et l'amour qu'ils me donnent à leur manière que je reçois avec tout mon coeur.
mais quand ils me disent l'un comme l'autre, "je vais faire ci ou ça", je n'y accorde plus d'importance, je fais comme s'ils n'avaient rien dit, on verra bien.
je reçois ce qu'ils veulent me donner, je n'attends pas plus.
de mon côté, j'évite toute forme d'exigence et d'obligation de leur part, quitte à les renvoyer dans leurs plates bandes.
cela donne des relations relativement distantes dans les faits (mais c'est aussi dû à un éloignement géographique certain), mais d'affection profonde au niveau du coeur, et beaucoup de plaisir dans les quelques échanges que nous avons à l'occasion, par téléphone ou en vrai.
toute ma difficulté maintenant est de réussir à guérir cette blessure, de façon que je puisse retrouver un équilibre vis à vis de cette histoire de parole, qui ne soit ni de l'attente incessante, ni non plus une indifférence extrême du genre "tu peux dire ce que tu veux, j'attends de voir", qui dans un couple n'est pas vraiment ce que j'ai envie de vivre non plus, c'est trop dur et trop extrême, je recherche plus de douceur et de fluidité aujourd'hui dans ma vie.
bisous à vous deux
merci beaucoup pour vos éclairages
maïna