Camoin Tarot Forum

[La Renarde]

Bonjour à tous,

En lisant ce passage tiré du livre de Maude Séjournant, le cercle de vie, initiation chamanique d'une psychothérapeute, je n'ai pas pû m'empêcher de vous faire partager ces quelques lignes:

L'histoire du Grec Oreste:

Ce héros peut nous éclairer sur ce qui se passe actuellement dans le monde.

Oreste apprend que son père a été assassiné et jure de le venger en tuant son assassin. Il découvre que ce dernier est en fait sa propre mère et vit un terrible drame intérieur, car il ne peut tuer celle qui lui a donné la vie...
mais se refuse en même temps à renier son serment. La mort dans l'âme, il se résout finalement à commettre son acte vengeur, tout en sachant qu'il sera condamné par les Dieux pour cet acte sacrilège. D'horribles entités, les Harpies, le poursuivent sans lui laisser de repos. Apollon tente alors d'intercéder en sa faveur, en prenant sur lui la faute. Ce qu'apprenant, Oreste, dans un ultime acte de sacrifice, plaide coupable, assumant seul la responsabilité de son acte. Touchés par son courage, les Dieux lui laissent en fin de compte la vie sauve et transforment les Harpies en êtres bienveillants, les Euménides, qui l'assistent dans la suite de ses exploits.

On peut faire un parallèle avec l'histoire de l'humanité. L'homme est d'essence divine, mais il a perdu sa relation au Père en vivant proche de sa Mère la Terre.
Parce qu'il a perdu sa conscience profondément spirituelle, il se venge en quelque sorte sur la Terre-Mère.
Du coup, le voilà poursuivi par tous les maux que lui apportent les Harpies et, à un niveau très profond et inconscient, par le sentiment de culpabilité d'avoir agi contre les lois naturelles. Ce malaise, nous pouvons le ressentir tout autour de nous dans la société. Ce n'est qu'en assumant sa totale responsabilité avec un courage voisin de la bravoure - de l'héroïsme peut-on même dire - qu'Oreste est sauvé: il n'a pas tenté comme Adam de rejeter la faute sur sa compagne ou sur une autre créature, il a embrassé pleinement la fondation de son acte et se montre prêt à en subir les conséquences, jusque dans l'anéantissement. C'est cette prise de responsabilité totale qui le sauve.

Il est temps que nous devenions tous des Oreste. Nous sommes en train de tuer notre Mère, à petit feu, à coups de déchets empoisonnés, à coups d'oxyde de carbone craché par nos chevaux d'acier et de poisons nucléaires (qui seront actifs pendant plus de dix mille ans!).
Sommes-nous assez courageux pour admettre notre forfait?
N'aimerions-nous pas voir se transformer les Harpies en Euménides?
La transformation est possible maintenant, si nous réveillons notre sens de la responsabilité.

Vaste programme.....? n'est-ce pas?

[La Renarde]

Terre-Mère

Nous sommes au mois de septembre, en Normandie. C'est l'ouverture de la chasse. J'ai sept ans et je suis fière d'accompagner mes grands-parents et quelques invités. Nous sommes partis sur les chemins de terre, longeant la cour, puis le verger rempli de pommiers et de vaches brunes et blanches. Les champs de blé ont été coupés et quelques bottes de paille ont été laissées pour servir d'abri au gibier. Des champs de betteraves ont encore leurs larges feuilles, sous lesquelles les lapins viennent se réfugier. Je participe aux battues en marchant entre deux rangs de betteraves qui recouvrent presque mon petit corps de sept ans. Puis il y a de longues attentes, car les chiens n'obéissent pas toujours au rappel.
Je suis là, au bord d'un champ qui vient d'être labouré. Je regarde ses grosses mottes grasses; les unes gardent encore l'empreinte lisse du soc de la charrue, d'autres se sont écroulées en morceaux de tailles variées. Je réalise tout à coup que c'est de là que vient la farine qui sert à faire les gâteaux que je commence à savoir confectionner. Je vois les courbes féminines de ces mottes et je me sens attirée, appelée par la terre de ce champ. Je me laisse pénétrer au plus profond de mon corps par la nature totalement généreuse de cette glèbe collante, presque noire. Je la respire, profondément riche et grasse; je la sens tout me donner d'elle-même. Elle tend vers moi son visage brun, dégageant une essence maternelle. Une émotion violente s'empare de moi et je sens un flot de larmes monter de ma poitrine vers ma gorge et mes yeux. Dans le moiteur fraîche de cet après-midi d'automne, la glèbe me le murmure, me l'affirme: "Vois comme je suis riche et généreuse, vois comme je t'aime." Je tombe à terre et, à plat ventre, enserre les mottes de mes bras ouverts. Mes pleurs arrosent les sillons, je me fonds dans la terre d'où je viens et dans son amour sans faille. Je suis avec elle et en elle, je suis prise dans ses bras et elle me berce avec tendresse. Elle a posé en moi son empreinte pour toujours.


Toujours tiré du même livre le cercle de vie de Maud Séjournant

Bon dimanche à tous

[Alysa]

Bonjour La Renarde

Et merci pour le texte de Maud Séjournant.
Synchronicité : j'avais envie d'écrire sur les sillons de la terre, de les prendre en photos, il y en a derrière chez moi par les petites routes et ils ont un air d'intouchables, avec la lumière qui les caresse.

Bon dimanche

Alysa